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10. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VI. De la Poésie de style. Si elle fait seule la destinée des Poëmes. » pp. 94-121

Si l’utilité prise de l’amusement est à certains esprits, ce qu’est pour d’autres celle qui naît de l’instruction ; il s’ensuit que les ouvrages d’agrément ont, pour ceux-là, un mérite égal à celui qu’ont pour ceux-ci des traités de sciences. […] Qu’un esprit froid & rétréci, ait à vérifier cette pensée commune : Je mourrai dans la maison où je suis  ; il aura beau choisir les mots les plus harmonieux, leur donner dans ses vers la proportion la plus juste & la place la plus avantageuse, bien marquer les hémistiches, employer les rimes les plus brillantes, fera-t-il de bons vers ? […] Les arbres mêmes sembleront se plaindre de l’en voir sortir, comme ils s’étoient réjouis de l’y voir naître. […] Muses, qui dans ce lieu champêtre, Avec soin me fites nourrir ; Beaux arbres qui m’avez vu naître, Bientôt vous me verrez mourir. […] Chaulieu n’emploie pas les figures, parce qu’elles conviennent à son sujet ; mais, parce qu’il les fait naître.

11. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

Pourquoi l’image des peines qui naissent des passions effacerait-elle celle des transports de joie et de plaisir qu’on en voit naître, et que les auteurs ont soin d’embellir encore pour rendre leurs pièces agréables ? […] Le mal qu’on reproche aux théâtres n’est pas seulement d’inspirer des passions trop tendres, qu’on satisfait ensuite aux dépens de la vertu ; les douces émotions qu’on y ressent n’ont pas elles-mêmes un objet déterminé, mais en font naître le besoin. […] D’autres passions naquirent de ces premiers goûts, et amenèrent en très peu d’années une séparation scandaleuse qui fit mourir de chagrin l’imprudent époux. […] « En effet, continue ce spirituel courtisan, c’est une peinture si naturelle et si délicate des passions, qu’elle les anime et les fait naître dans notre cœur, et surtout celle de l’amour, lorsqu’on la représente chaste et honnête. […] Pourront-ils le dire, lorsque tout dans ces assemblées contribue à faire naître de mauvais désirs en nous ; des tons de voix languissants et voluptueux, des chants lascifs, l’art de peindre le visage, d’animer les yeux et la figure par des couleurs étrangères, une parure fastueuse et immodeste, les gestes, les postures, tout l’extérieur de la personne et mille autres moyens propres à attirer et à séduire les assistants ?

12. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VII. De l’inconséquence de quelques prêtres ignorants envers les Comédiens, et de leur fanatisme mis en opposition avec l’autorité du pape et avec la conduite éclairée du haut clergé et des ecclésiastiques sensés en France. » pp. 134-140

Puisque des prêtres ont rempli eux-mêmes des rôles de comédien et qu’ils ont aidé à la propagation de cette profession, n’est-il pas inconséquent à eux de frapper d’anathème ce qu’ils ont fait naître, ce qu’ils ont voulu, ce qu’ils ont en quelque sorte créé ? […] [NDA] Bouhours (Dominique), à Paris, en 1628. […] [NDA] Huet (Pierre-Daniel), à Caen, en 1630.

13. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « EXTRAIT DE QUELQUES PENSEES SAINES. Qui se rencontrent dans le livre de J.J. Rousseau contre le Théâtre, ou condamnation de son système par lui-même. » pp. 66-77

est bon, je le pense, et crois l’avoir prouvé ; la source de l’intérêt qui nous attache à ce qui est honnête, et nous inspire de l’aversion pour le mal, est en nous, et non dans les Pièces ; il n’y a point d’art pour faire naître cet intérêt, mais seulement pour s’en prévaloir. » « L’amour du beau est un sentiment aussi naturel au cœur humain que l’amour de soi-même : il n’y naît pas d’un arrangement de Scènes, l’Auteur ne l’y porte pas, il l’y trouve ; et de ce pur sentiment qu’il flatte, naissent les douces larmes qu’il fait couler.

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