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297. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre premier. Origine des Spectacles. » pp. 1-14

Ils se faisaient entendre par le seul moyen des gestes et des mouvements du corps.

298. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre II. Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. » pp. 15-28

« En commençant par observer les faits avant de raisonner sur les causes, dit Jean-Jacques Rousseau2, je vois en général que l’état de comédien est un état de licence et de mauvaises mœurs ; que les hommes y sont livrés au désordre ; que les femmes y mènent une vie scandaleuse ; que les uns et les autres, avares et prodigues à la fois, toujours accablés de dettes, et toujours versant l’argent à pleines mains, sont aussi peu retenus sur leurs dissipations que peu scrupuleux sur les moyens d’y pourvoir.

299. (1726) Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat « Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat » pp. 176-194

A l’égard du spectacle de l’Opéra, je crois qu’il n’est pas impossible d’en faire peu à peu quelque chose d’utile pour les mœurs ; j’avoue cependant que la chose me paraît très difficile en l’état de corruption et de mollesse où il est de mon temps ; mais après tout il ne faut à l’Académie des spectacles pour en venir à bout que deux moyens, le premier d’avoir un but certain où l’on vise, c’est de faire servir la musique et la poésie non à amollir les mœurs par la volupté, mais à les rendre vertueuses par l’amour de la gloire ; le second c’est de faire en sorte que ce perfectionnement soit presque insensible, car pour nous guérir de la mollesse, maladie enracinée depuis longtemps dans notre nation par une longue habitude, il faut pour ne nous pas révolter se servir d’une méthode qui procède par degrés presque insensibles, et je ne désespère pas que nos successeurs n’entendent chanter avec plus de plaisir les sentiments et les actions des grands hommes, que les maximes honteuses de la mollesse et les sentiments extravagants qu’inspire l’ivresse de l’amour.

300. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Mais en voyant des hommes, allier par un mélange monstrueux, aux emportemens d’une ame injuste, des qualités brillantes, on se forme plus aisément l’habitude de séparer la cause primitive, des forces qu’elle fait mouvoir ; on juge non les moyens employés, mais l’intention. […] Mais la plaisanterie, lorsque la raison s’en sert habilement, est un moyen efficace pour ramener les méchans, & les engager à faire au moins les premiers pas d’un retour utile sur eux-mêmes, en réveillant dans le fonds de leurs cœurs ces sentimens de bonté & de justice que vous reconnoissez dans tous les hommes. […] Si vous avez bien compté, vos moyens les plus plausibles paroissent renfermés dans le calcul que vous avez fait du nombre des spectateurs que votre ville peut fournir journellement ; mais par une fatalité qui semble attachée à toutes vos preuves, il faut qu’il y ait encore une erreur dans celle-ci, qui se trouve démentie par l’expérience.

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