ô mœurs ! […] De quel front ose-t elle nous dire cette raison aliénée, que le Théatre de nos jours sert à corriger les mœurs : Ridendo castigat mores ? […] Après tout, qu’importe-t-il à la Religion, à l’Etat, que nous allions au Théatre, pourvu qu’on ne nous y donne pas des leçons d’irréligion, d’indépendance, de barbarie, de mauvaises mœurs ? […] ô mœurs ! […] Des Spectacles & des mœurs.
Or, est-il un délassement plus utile et plus innocent que celui de la comédie, disent ses défenseurs, puisqu’elle n’est autre chose, à la regarder en général, qu’une représentation naïve d’un événement agréable, assaisonné d’une satire fine et douce pour la correction des mœurs ? […] Si dans la comédie moderne il ne se trouve ni paroles ni actions qui soient contre les bonnes mœurs, ne serait-ce point être trop sévère que de la proscrire absolument ? […] D’autres soutiennent au contraire que la comédie d’aujourd’hui, tout épurée qu’elle est des infamies de l’ancienne, est encore une école très dangereuse, et que ce qu’on y voit et ce qu’on y entend ne peut que corrompre les mœurs ; et effectivement on y voit et on y entend tout ce qui peut fasciner les yeux, tout ce qui peut charmer les oreilles, tout ce qui peut séduire le cœur.
Le parterre, dont ils sont le jouet, suffit pour apprendre à ces Abbés, qui n’en ont que le nom et qui le profanent, combien la religion, les mœurs et les bienséances réclament contre leur égarement. […] Benoît XIV le combat par le principe de l’Apôtre, les mauvais discours corrompent les bonnes mœurs, et l’impossibilité morale d’y éviter le péché, par l’autorité du P. […] les biens donnés pour l’entretien des Eglises, l’expiation des péchés, le soulagement des pauvres, doivent-ils être employés à entretenir le crime, le scandale et la corruption des mœurs ? […] La honte en rejaillirait sur lui ; pourrait-on lui confier le gouvernement de l’Eglise, s’il néglige les mœurs de ses enfants ? […] il censure les mœurs du Clergé, et c’est lui qui le corrompt.
Quelles images plus fortes, plus intéressantes, souvent même sublimes de la perversité de nos mœurs et de nos usages, principalement dans le Temple de Thémis, où la plupart de ses Ministres assoupis sur leurs redoutables Tribunaux, laissent à leurs passions le privilége odieux de mettre les poids dans sa balance, et où le plus grand nombre de ses organes fait un trafic honteux et mercenaire de l’éclat de leur voix et de la subtilité de leurs sophismes, du faux et de la vérité, selon vos propres expressions ! […] Vous voilà à présent engagé, Monsieur, à occuper votre talent à des sujets utiles aux mœurs et à la Religion, et surtout à dissiper et à détruire ce tourbillon d’insectes qui lancent tous les jours contre elle leur aiguillon venimeux, et osent publier leurs railleries impies et punissables de ses dogmes sacrés. […] Il vous fait faire un hors de propos grossier de vos Ecrits dramatiques avec ce phénomène, en supprimant vos réflexions sensées sur le peu d’utilité pour les mœurs de l’exactitude dans nos spéculations astronomiques, lorsqu’elles ne nous mènent point à réfléchir sur notre destinée éternelle, et à l’état où nous serons pour toujours au retour de cette Comète. […] Rousseau de Genève nous a démontré invinciblement son incompatibilité avec les bonnes mœurs, dans son éloquente Lettre à M. d’Alembert.