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208. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre prémier. Qu’on ne doit pas se figurer que la composition des nouveaux Drames soit aisée. » pp. 116-120

Le plus grand nombre de nos gens de Lettres, loin d’écrire avec art les bagatelles qu’ils composent, s’éxemptent même quelquefois de mettre du bon sens dans les Ouvrages un peu relevés que leur plume ose enfanter. […] Apprenez que le tems seul met la dernière main aux Ouvrages d’esprit.

209. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VI. Les spectacles produisent et favorisent l’incrédulité. » pp. 86-89

Quand on n’aurait pas à imputer à un auteur d’une tragédie tous les mauvais sentiments qu’il étale, il y a des affectations qui découvrent ce qu’on doit mettre sur son compte. » Il n’arrive que trop souvent qu’ils emploient, sans détour, le langage de l’impiété ; il faut des traits hardis pour réveiller l’attention, et pour flatter le goût peu chrétien du siècle. […] J’en conviens, mais ce sont des chrétiens qui leur mettent ces blasphèmes dans la bouche.

210. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De certaines processions ou cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, et qui sont ou ont été beaucoup plus nuisibles au culte et a la morale publique que les comédies représentées sur nos théâtres.  » pp. 201-340

Elle a neuf à dix pieds d’élévation, elle est portée par un homme qui s’y met dedans, et qui fait saluer S.  […] Le clergé dans une telle circonstance enfreint les lois ecclésiastiques et les lois civiles, il se met en opposition avec les canons des conciles, et brave la raison et l’opinion publique. […] L’évêque y voulut mettre ordre : il défendit cette sonnerie, et ce qui l’accompagnait ; mais les clercs de chœur méprisèrent ses défenses. […] On les avait séparés et mis sous bonne garde. […] Mais cela ne leur servit de rien : ils furent ramenés à Orléans, et mis en prison ; ensuite on les conduisit devant la grande église, et de là sur la place où l’on exécute les malfaiteurs, pour y confesser publiquement leurs méchancetés.

211. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [C] » pp. 391-398

Ce premier Tragique avait pour ainsi dire raproché les passions des Anciens, des usages de sa Nation ; Racine, plus naturel, mit au jour des Pièces toutes Françaises : guidé par cet instinct national qui avait fait applaudir les Romances, la Cour-d’Amour, les Carrousels, les Tournois en l’honneur des Dames, les Galanteries respectueuses de nos Pères, il donna des Tableaux délicats de la vérité de la passion qu’il crut la plus puissante sur l’âme des Spectateurs pour lesquels il écrivait. […] Congrève, Irlandais, mit toute la régularité & la correction qu’on peut desirer dans le Dramatique, joints à beaucoup d’esprit. […] On peut donc mettre des Personnages scélérats sur la Scène Tragique, mais on blâmerait le Poète qui donnerait à des Personnages scélérats des qualités capables de leur concilier la bienveillance du Spectateur. […] Les Poètes Grecs ont mis sur leur Scène des Souverains qui venaient de mourir, & quelquefois même des Princes vivans : ils se proposaient par-là de plaire à leur Partie, en rendant odieux le gouvernement d’un seul ; & c’était un moyen d’y réussir, que de rendre les Rois méprisables par un caractère vicieux, & l’exposition de faiblesses dont l’univers retentissait encore.

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