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152. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE III. De la Comédie. » pp. 92-118

Tout est mauvais, tout est dangereux dans la Comédie pour les Spectateurs ; c’est la conséquence que vous tirez d’un principe aussi peu admissible qu’elle. […] Quelle rage avez-vous d’être toujours du mauvais parti ! […] Soyez du parti des pères sages et raisonnables, rien n’est plus naturel et plus louable ; mais non pas des mauvais pères qui souvent par leur avarice, leur dureté, leur ignorance, ou leurs préjugés, sont cause de tous les désordres de leur famille. […] S’il s’en rapportait plus à son goût et à ses lumières qu’au mauvais jugement de gens qui préfèrent les expressions éblouissantes et les jeux de mots aux pensées les plus solides et aux expressions consacrées à la vérité du sentiment. […] Rassurez-vous donc Monsieur, je vous réponds qu’aucun Faussaire ne s’y prendra jamais aussi maladroitement que le Légataire pour faire un faux acte : Crispin et Lisette sont des fourbes trop absurdes pour servir jamais de modèle ; tous trois enfin sont trop mauvais professeurs en friponnerie pour faire jamais des écoliers dangereux.

153. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

Mais il en est aussi d’indifférens en eux-mêmes, qui ne deviennent mauvais que par l’abus qu’on en fait. […] Faut-il, parce qu’il est des Comédiens de mauvaise vie, & des gens qui ne profitent pas du Théâtre, l’anéantir ? […] Les Comédiens sont infâmes parce qu’ils jouent pour de l’argent, les gens de condition le sont donc aussi, car s’il est vrai que l’action soit mauvaise en soi, qu’importe qu’elle se fasse avec gain ou sans profit ; elle sera toujours mauvaise, une circonstance de plus ou de moins ne saurait rendre bonne une action essentiellement mauvaise. […] C’est selon moi tirer une mauvaise conséquence de prouver la méchanceté d’une action, parce qu’elle est notée d’infâmie. […] Les Spectacles y sont aimés, & les Acteurs estimés lors qu’ils le méritent, & cela bon ou mauvais.

154. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-9

Mais on cite peu & on écrit encore moins celles qu’il a donne sur la morale qui doit y régner, & qui contribue si fort aux bonnes ou aux mauvaises mœurs. […] Ce Poete, quoique poïen, avoue de bonne foi qu’il ne suit pas les lumieres de sa conscience ; mais qu’entraîné par la passion, le mauvais exemple, il a la foiblesse de faire ce que lui-même condamne. […] Du cœur naissent les mauvaises pensées, les discours scandaleux, les écrits licentieux ; mais l’homme de bien tire de son trésor des choses anciennes & nouvelles : c’est l’Evangile.

155. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Premiere lettre de Mr. *** à Madame *** sur les spectacles » pp. 3-59

ces impertinentes récréations dissipent l’esprit de dévotion… Refroidissent la charité, & reveillent en l’ame mille sortes de mauvaises affections. […] Ensuite, il les declare Contraires à l’esprit du Christianisme, pernicieux aux bonnes mœurs, féconds en mauvais exemples. […] Qui peut disconvenir, que le Théatre de ce même Moliere, dont je suis plus admirateur que personne, ne soit une école de vice & de mauvaises mœurs, plus dangéreuse que les livres mêmes, où l’on fait profession de les enseigner ?  […] « Comptez-vous pour rien, dit Mr. l’Evêque d’Arras, l’argent même, dont vous faites un si mauvais emploi ? croyez-vous être innocent, si vous fournissez… à une créature impudique, les moyens d’entretenir son mauvais commerce ?

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