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80. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

Le malheur vient de ce qu’on s’est accoutumé à fréquenter les Spectacles. […] qu’importe à l’humanité, mes Frères, qu’on pleure la mort de César ; qu’on s’afflige des malheurs d’Iphigénie ; qu’on plaigne le sort d’Andromaque ; qu’on gémisse sur des infortunes Romanesques, si l’on est insensible aux maux de son prochain ; si, au sortir même du Théâtre, on brusque les pauvres au lieu de les assister ; si l’on envisage d’un œil sec les misères qui les environnent et les plaies qui les couvrent ? […] Que résulte-t-il de ces maux, si ce n’est des malheurs plus grands encore ? […] Mais, ne permettez pas, Seigneur, que ces malheurs se réalisent.

81. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XII. Des Machines & du merveilleux. » pp. 179-203

Ses malheurs partent d’une source si respectable ! […] Cet artifice a des beautés ; mais le malheur est que ces poignards sont donnés à contretems, comme on a pu le voir dans Alzaïde.

82. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE V. Réforme de Fagan. » pp. 110-128

Si l’abus prévaut, c’est un malheur dont il faut gémir. […] Par malheur la plupart des pieces n’inspirent que la fourberie, les intrigues, les fripponneries, pour réussir à satisfaire la passion. […] Il faut présumer le bien ; il s’est quelquefois trouvé des Comédiens qui par des dévotions fréquentes ont tâché de racheter devant Dieu le malheur de leur profession.

83. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Les autres passions ne sont point si engageantes ; la tendresse d’un Père envers ses enfants, ou d’un frère envers son frère, ne saurait produire que des sentiments vertueux : la haine, l’ambition, la vengeance, la jalousie sont des vices qu’on peut voir dans toute leur force et dans toute leur étendue, puisque naturellement on a de l’horreur pour le dérèglement de ces passions ; on s’y porte avec moins d’ardeur, et jamais on n’est pour les personnages qui soutiennent ces caractères ; on les blâme toujours, et il arrive aussi presque toujours qu’ils sont malheureux et qu’on se réjouit de leur malheur. […] Œdipe fait bien plus de compassion dans Sophocle qu’Egisthe : on est touché de voir le premier tomber dans un malheur effroyable, parce qu’il semble n’avoir point mérité ce malheur ; au contraire la mort d’Egisthe ne fait nulle pitié, parce qu’il s’est lui-même attiré sa perte par son amour. […] Dans la dernière Sophonisbe w qui a paru sur le Théâtre, on n’est point touché du malheur de Syphax, parce que ce Prince hasarde sa réputation, son Etat, et sa vie pour plaire à sa femme, dont il est amoureux ; on est fort touché au contraire du malheur de Sophonisbe, qui ne meurt que parce qu’elle aime la gloire, et qu’elle ne veut pas survivre à la perte de sa liberté.

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