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377. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

C’étoit mal connoître ce Seigneur, qui étoit la vertu, la probité, la sagesse même : J’avoue, dit-il, que vous êtes belle, Monsieur ou Mademoiselle, car je ne sais comment vous appeler ; mais n’avez-vous pas honte de porter un pareil habit, & de faire la femme, puisque vous êtes assez heureux pour ne l’être pas ? Allez, allez vous cacher ; M. le Dauphin vous trouve fort mal comme cela. […] il ne craint rien tant que d’être démasqué : expression proverbiale, qui en peint vivement le danger & le mal : Qui male agis odit lucem.

378. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE IV. Suite des Masques. » pp. 82-109

La Cour eut avertissement certain que telle marchandise, outre qu’elle ne peut apporter profit, est cause de plusieurs adultères, voleries, & autres maux. […] Le théatre ne fît-il qu’enseigner & entretenir le goût des masques, il seroit un mal. […] Ils les firent hermaphrodites, & enfin les multipliant à l’infini, ils en firent des deux sexes : Eadem Venus mal æstimabatur & fœmina. […] Disent les demandeurs que combien que de droit commun les Maris soient en bonne, pleine & paisible possession de leurs femmes, & puissent se départir des compagnies à l’heure que bon leur semble, & fermer leur porte quand l’ombrage & la fantaisie les prend, & disposer de leurs femmes, comme chacun est modérateur de sa propre chose, contre tous exempts & non exempts, privilégiés & non privilégiés, néanmoins les masqués, sous couleur de privilèges tels quels, commettent chacun jour plusieurs abus contre ladite possession, au grand travail, mal de tête, fâcherie & molestation des maris ; que quand les maris sont assemblés en compagnie avec leurs femmes & damoiselles les défendeurs arrivent enmasqués, s’emparent des damoiselles, les reculent, les mènent chacun la sienne dans un coin, les confessent à l’oreille, dansent l’une après l’autre, & dès qu’ils l’ont prise ne la laissent jamais jusqu’à minuit & plus tard, sans qu’il soit possible leur faire guerpir la place ; & cependant demeurent les maris chiffrés & lourchés, & gardent les mules, tandis que mes mignons triomphent, & sont en danger des marchands & marchandises, qui est la fortune que plus ils craignent ; & si d’aventure ils appellent leurs femmes, ils sont nommés jaloux.

379. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XII. De la Déclamation Théatrale des Anciens. » pp. 336-381

Polydore Virgile [de inv. l. 3.] attribue cette opinion à l’ignorance de quelques personnes, qui s’imaginerent que Roscius ne faisoit que des gestes, interprétant mal le mot agit dans ce Passage de Cicéron, Numquam agit hunc versum Roscius, eo gestu quo potest. […] Et quand il fait remarquer qu’on dit fort bien virus timeres, & non pas venena timeres, parce que le Bacchius s’accorde mal avec le Chorée ? […] C’étoit ce qu’avoient à craindre les Orateurs & les Comédiens, & de la vient ce mot rapporté par Quintilien, de César à un Orateur : Si vous voulez parler, vous chantez ; si vous voulez chanter, vous chantez mal. […] Ce Canticum étoit aussi nommé Soliloquium, (mot que nous rendons mal par Monologue) à cause qu’une voix seule chantoit, au lieu que dans le Choricum toutes les voix s’accordoient ensemble.

380. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

Vous allez voir qu’il n’y a que du mal à remporter de-là. […] Tous ces aiguillons de luxure excitent leurs sens, exaltent leurs têtes, augmentent en eux l’envie de mal faire, sans leur ôter le goût d’une vie molle et oisive. […] De-là toutes sortes de travers, de vices et de maux ; la fatuité, le mépris des bienséances, et en particulier le mepris des femmes, les excès de la table, la crapule, la fortune manquée ou ruinée, la santé cruellement compromise. […] La maladie si justement nommée honteuse, y consume en secret la fleur des deux sexes ; ensorte que les trois quarts de ceux qui sont là pourroient impunément, je crois, au lieu d’employer nos formules ordinaires de politesse, user de la phrase Espagnole, comment va le mal vénérien ?

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