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33. (1789) La liberté du théâtre pp. 1-45

Les Magistrats sont les instrumens de la puissance législative, & non pas ses dépositaires. […] Malheur au pays où les Magistrats sont législateurs ! Ce pays est un pays d’esclaves ; & les Magistrats sont législateurs par-tout où leur opinion particulière décide. […] Quand l’opinion des Magistrats décide, il n’y a point de limites. […] Comment la représentation d’un Roi tyrannique, où d’un Magistrat injuste, peut détruire la puissance des Loix.

34. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

Qu’au sortir du bal ce Magistrat examine les proces, que ce Jurisconsulte travaille à défendre ses Parties, que ce Médecin aille visiter ses Malades, cet homme pieux s’applique à l’oraison, cet écolier étudie ses leçons, de quoi seront-ils capables ? […] Un Magistrat, un grand Officier, un père une mère de famille, un homme, une femme avancés en âge, ceux qui font une profession déclarée de piété, doivent sentir que ce seroit ajouter le ridicule à l’indécence & au scandale, de se permettre ce qu’à peine ils doivent tolérer dans une jeunesse folâtre, dont l’âge n’a pas encore mûri la raison, ce qu’on croit innocent, dit Tertullien, parce qu’il est couvert de la pourpre : Improba definunt esse purpurata flagitia. […]  44. nous apprend que les mercuriales du Parlement de Toulouse défendent la danse à tous les Magistrats, si ce n’est le jour de leurs noces, comme une chose indigne de leur caractère. […] Il est absolument défendu par les Canons & par les ordonnances d’Orléans & de Blois, de faire des danses les jours de fête & de dimanche, & les Parlemens accordent leur protection aux Curés & aux Magistrats municipaux pour faire exécuter ces sages loix, & en punir les infracteurs, & je ne sais pourquoi ils souffrent les bals & les spectacles les jours de fête. […] Ils tonnent dans les chaires, ils sévissent au confessionnal, ils intéressent les Seigneurs, ils imploront le secours des Magistrats, quelquefois en viennent à des moyens indiscrets pour empêcher le désordre, & rarement réussissent-ils.

35. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre II. Que la représentation des Comédies et Tragédies était un acte de Religion parmi les Grecs et Romains. » pp. 36-56

Aussi les Prêtres et les Magistrats prenaient grand soin que toutes les choses y fussent faites avec la pompe et la majesté de la Religion, jusque làLucia. in Neucris. […] « Sors que vous êtes, je représente un furieux. » Mais sans rechercher d'autres preuves de l'usage religieux des Tragédies et des Comédies, il leur faut attribuer toute la superstition des autres Spectacles ; Car quand les Auteurs écrivent que les Jeux de Théâtre étaient donnés au peuple par les Magistrats, et qu'ils n'en désignent point quelque espèce particulière, il y faut presque toujours comprendre les représentations des Poèmes Dramatiques, qui n'en furent guère séparées dans les derniers temps, et les témoignages des bons Auteurs que nous rapporterons dans la suite de cette Dissertation, autoriseront encore ces vérités.

36. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VI. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Romains. » pp. 145-175

Le Magistrat y mit ordre ; les Jeunes Gens reciterent des Vers plus sages, en les accompagnant de Chants & de Danses. […] Cette sagesse qu’exigeoient les Magistrats ne dura pas toujours : mais les Acteurs des Attellanes conserverent toujours le privilége de n’être point regardés comme Histrions, tanquam expertes ludicræ artis ; on ne pouvoit, lorsqu’on étoit mécontent de leur jeu, les obliger d’ôter leurs masques, affront que le Peuple faisoit aux autres Comédiens. […] Quand l’Action de celles-ci se passoit entre des Magistrats, la Piéce étoit nommée Prætextata, à cause de leur robbe bordée de pourpre : si elle se passoit entre des Chevaliers, elle étoit à cause de leur habit, nommée Trabeata ; & elle étoit appellée Tabernaria, quand elle se passoit entre ces personnes viles, qui habitoient ce que les Romains appelloient Tabernas. […] La sévérité des Magistrats contre les Spectacles étant encore à craindre, de peur qu’ils ne fissent à sa mémoire la honte d’abattre cet Edifice, veritus quandoque memoriæ suæ censoriam animadversionem, il s’avisa de sanctifier un lieu que Tertullien appelle la Citadelle de toutes les infamies, arcem omnium turpitudinum.

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