Qu’a-t-on à craindre sur les pas d’un si grand maître qui se métamorphose en lui-même ? […] Lorsqu’en nommant leur Roi nos généreux ancêtres Ont choisi dans ses fils la race de leurs maîtres. […] On va loin quand on est maître de sa destinée, & qu’on se livre à l’effervécence de son imagination. […] Le plaisir est le meilleur maître, il est vrai ; mais de quoi ? […] Aussi forme-t-il de dignes éleves au Théatre, ou plutôt de grands maîtres.
» Aristote, qui, dans son Art Poétique, a donné des règles pour le théâtre, sur lesquels nos grands maîtres, surtout Pierre Corneille, se sont modelés, n’a pas laissé, dans sa Politique, de supposer un certain danger dans les représentations. […] Malgré son attachement pour Homère, de la lecture duquel il s’était nourri dès l’enfance, il ne peut se résoudre à faire grâce à cette foule d’hommes tragiques, dont il est le chef et le maître.
Les comiques modernes voudroient-ils aller plus loin que leur maître ? […] Le grand Moliere, dans le Bourgeois Gentilhomme, auroit du joindre un amateur du théatre, au maitre à danser, au maître à chanter, au maître en fait d’armes, & lui faire prouver que la scéne, tout aussi-bien que la danse, la musique & les armes, fait le bonheur du monde. […] M. le Duc d’Orléans l’a fait Intendant de ses menus plaisirs, avec bonne pension ; s’est le Petronne du siécle, quarante ans dexercice l’ont rendu un habile maître. […] Excellent & très-mauvais dans l’un & dans l’autre : In utrâque pessimus ; il nuisit autant qu’il excella, d’autant plus mauvais, qu’il éroit meilleur : Tanto pejor quantò melior ; car le meilleur maître, s’il enseigne le mal, est le pire de tous les maîtres : Optimo nequitia arbitrio nihil pejus. […] Un orchestre de cent instrumens, fussent-ils touchés par les meilleurs maîtres, étourdiroit.
Les Troubadours, d’abord timides écoliers, surpassèrent bientôt leurs maîtres, & apprirent aux Gaulois à chanter de petits Vers galans. […] Nous allions chercher chez nos voisins des airs vifs, & les chefs-d’œuvres de leurs grands maîtres, parce que nous nous imaginions bonnement qu’il serait impossible à des Français de devenir habiles musiciens. […] Ils ont été nos maîtres sur bien des choses ; mais nous ne conviendrons jamais qu’ils nous ayent indiqués le genre qui nous enchante. […] Le maître des Marionnettes se nommait Jeannot-Bertrand, bisayeul du Sieur Bienfait qui vit encore.