.° Le personnage de Dorine servante, est très-indécent, non seulement par la longueur de quatre cens vers, qui en fait un des principaux de la piece, ce qui est contre son état, mais parce qu’elle se mêle de tout, entre dans toutes les conversations, & parle à tout le monde avec une insolence outrageante, malgré les défenses réitérées de ses maîtres, & les menaces de la battre : Vous êtes forte en gueule & fort impertinente. […] La Servante, qui doit n’avoir rien à faire dans le ménage, puisque elle est constamment sur le théatre, dans seize scènes les plus longues, sur trente qu’en a la piece, est une insolente qui insulte tout le monde, une intrigante qui se mêle de tout, une confidente de très-mauvais conseil. […] Il mêle avec une sorte de sacrilège le sacré & le profane, en appliquant au vice les expressions consacrées à la vertu.
qu’il serait quelquefois à souhaiter qu’un tiers ne se mêlât pas de nos affaires !
Le Journal Œconomique, très-utile quand il se borne à l’agriculture ; mais plein de paradoxes & de choses dangereuses, quand il sort de sa sphere, & se mêle de finance, de morale, de religion, de gouvernement, matieres qui ne sont point de son ressort. […] Traité fort mêlé de quelques bonnes vues, & de bien des choses impraticables, quelquefois pernicieuses, ou la Religion est comptée pour fort peu de chose. […] Cela est vrai : aussi est-il d’une bonne éducation de faire prendre pendant quelques mois des leçons de danse : mais de faire des danseuses, de faire courir les bals, de mêler les deux sexes dans les danses, la plupart licencieuses, & toujours dangereuses à l’un & à l’autre sexe, regarder, admirer, imiter les danses théatrales, écoles & objets du vice ; c’est l’éducation la plus pernicieuse, qui n’est propre qu’à faire des libertins, & même à énerver le corps. […] La Religion naturelle, de toutes la plus ancienne, ni celle des Juifs qui l’a suivie, n’ont eu des danses sacrées ni des prêtres danseurs, Adam, Abel, Caïn, Henoch, Noé, Abraham, Melchisedech, Isaac, Jacob, Job, n’ont jamais mêlé la danse à leurs sacrifices : on ne voie pas même qu’ils aient dansé du tout.
Et comme les monnayeurs, quand ils mêlent quelque autre matière avec l’or, disent, que c’est pour le rendre plus ferme et durable ; Aussi les hommes de ce siècle, tiennent que la parole de Dieu, plus désirable que l’or le plus affiné, ne se peut manier ni employer en l’usage commun, toute pure ; ains qu’il y faut mêler quelque peu de prudence humaine, pour la rendre propre à la pratique du monde, au cours du marché. […] Aussi lisons-nous, que quelques Poètes anciens, pour avoir mêlé en leurs Tragédies des histoires saintes, ont été punis, les uns d’un subit étourdissement, les autres d’aveuglement. […] Si la matière est historique, et véritable, il y aura un peu moins de mal ; mais il y en restera toujours trop : Car ceux qui savent que c’est que de Poésieaf, voient assez, que ores queag le sujet soit historique, si le traite-t-on Poétiquement ; c’est-à-dire, on y mêle tant qu’on peut de menteries, et d’ordures païennes ; voire on estime, que tels excréments, sont les plus exquis ornements de l’ouvrage, qui serait méprisé, s’il n’était décoré, et embelli de telles fleurs ; le soin étant beaucoup plus grand, à représenter bien ; c’est-à-dire, au gré des spectateurs, et auditeurs ; qu’il n’est, à représenter chose bonneah, c. […] De tels excès à la véritéPlin. li. 33.ca. 3 dg , nous pourrait garantir la pauvreté ; mais toujours ferions-nous, ce que la vanité nous conseillerait, et ce que la bourse nous permettrait : Car chacun sait, que les Ballets, qui ne se font que pour une après-souperdh, ne sont estimés, que selon le prix qu’ils ont coûté : Ainsi quand tout sera bien considéré, on se trouvera plus empêchédi à cette réformation, qu’à celle des Danses, la conformité des Danses, et des farces étant si grande ; qu’en latin on exprime par un même mot, l’un et l’autredj : On accordait au commencement, qu’il fallait retrancher des Danses, les chansons folles, et sales ; après on trouva qu’il en fallait ôter les occasions, et amorces de toute sale cupidité, et que les femmes ne fussent pas mêlée avec les hommes : On jugea aussi, que si on permettait la danse à une assemblée d’hommes d’un côté, et des femmes de l’autre, que cela ne serait exempt d’inconvénients : que resta-t-il donc ? […] Nous savons, grâces à Dieu, et ne sentons que trop, ce que demande l’état de la vie humaine en ce monde : Nous ne faisons la guerre, ni à la nature, ni à la société ; nous accordons tout ce qu’on peut alléguer, pour la nécessité des recréations ; mais nous disons, qu’elles doivent être séantes aux Chrétiens, non contraires à Jésus-Christ, ni à son Evangile ; que l’on doit en user selon la raison, non selon notre passion ; que l’on doit viser à ce qui est agréable à Dieu, et convenable à notre profession ; Qu’il faut éprouver et discerner toutes choses, et retenir ce qui est bon : Qu’il faut combattre, et repousser les mauvaises coutumes, et les scandaleux exemples, comme les plus pernicieux ennemis de l’intégrité de nos mœurs : Que si entre les Païens tels exercices de farceries et bateleries, étaient indignes d’un personnage de qualité, voir suffisaient à déshonorer ceux qui s’en mêlaient, il préjudicient bien plus à la gravité et sainteté requises en un Chrétien.