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47. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Maurice de Saxe. » pp. 118-145

Maurice, dit-on, a étendu les limites de l’art de la guerre, par le recueil de ses Rêveries : en voici une qui mérite bin le titre. […] En voici un dont elle s’applique le mérite, & qu’elle met sur le compte du prince de Conti : ce que je ne garantis pas. […] Mais quand on fait peu de cas du vice, quand on en fait un mérite, il en coûte peu de louer les vicieux. […] On lui en fait un mérite comme d’une preuve d’habileté dans la négociation ; mais cette risible indécence n’est qu’une preuve de foiblesse dans le prince qui l’a choisie, & d’une aveugle vanité dans celle qui l’accepta. […] La dame de Guebriant étoit sa dame d’honneur, chargée de veiller sur sa conduite, & d’en répondre à son mari ; elle eut besoin de la garantie d’une dame de ce mérite.

48. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE II. Du Mariage. » pp. 30-54

La farce de George Dandin eut une fortune plus brillante qu’elle ne mérite. […] Moliere n’a ici d’autre mérite que d’avoir mis en œuvre ce que la médisance lui avoit appris. L’Amphitrion, pris entierement de Plaute, à quelques changemens près, dont les uns font un crime, les autres un mérite, est, dans le moderne comme dans l’ancien, une apologie ouverte de l’adultère sous le nom de Jupiter, qui fait dire avec le jeune homme de Térence : Me ferois-je un scrupule de ce que les Dieux sanctifient ? […] La passion aveugle choisit communément mal, & mérite d’être punie par son mauvais choix. […] Vous l’emporterez sur-tout : le vrai mérite d’une femme est de craindre Dieu, de faire son devoir ; ses œuvres seules font son éloge.

49. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE IV. Extrait des Lettres de M. Clément. » pp. 85-106

Quoiqu’il n’y ait rien d’approfondi, & que les loix de la décence y soient souvent violées, un style léger & saillant, une critique fine, amusante, & ordinairement juste, en sont tout le mérite. […] Il le mérite, car il est tendre pour ses maîtresses. […] Le Mahomet de Volaire a été arrêté à la quatrieme représentation ; mais les intrigues de la cabale dévote n’ont pas empêché le Pape d’écrire à l’Auteur une lettre flatteuse sur le mérite littéraire de cette piece hardie. […] Il ne connoît de perfection que les mouvemens de la tendresse : la satisfaction couvre tous les défauts, & donne tout le mérite. […] D’où vient la réputation d’un homme qui a si peu travaillé, & qui, à tout prendre dans la somme totale de son mérite, est fort médiocre ?

50. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — QUATRIEME PARTIE. — Tragédies à corriger. » pp. 180-233

Le dénouement en deviendrait aussi plus touchant ; car, au moment qu’Auguste pardonne aux Conjurés, et propose à Cinna de donner la main à Æmilie, les véritables sentiments de leur cœur se développant tout à coup, ils se livreraient à toute la reconnaissance que mérite leur Libérateur, qui devient leur père dans cette occasion. […] La plupart des Poètes modernes qui ont écrit pour le Théâtre, n’ont pas oublié de faire usage d’un si admirable original : il est vrai que chacun a voulu y ajouter du sien ; mais on me permettra de dire que les changements et les augmentations qu’on y a faits, n’ont servi qu’à en diminuer le mérite. […] Les Auteurs sont donc convaincus d’avoir abandonné ce principe : et quoique je ne l’adopte pas moi-même, je ne cesse pas d’être en droit de faire cette remarque ; puisque ce principe leur paraît essentiel, pendant qu’il me paraît peu exact : car il est incontestable que dans leurs Pièces Œdipe est innocent de tout point ; et que tout parricide et incestueux qu’il est, il n’a rien fait qui mérite qu’on le punisse. […] Je pense donc qu’il y a plus d’un endroit où cette Tragédie mérite d’être corrigée, en ce qui concerne la passion de Sertorius et de Perpenna. […] Enfin, Amasis est une bonne Tragédie, et qui, de toute façon (après les petites corrections dont nous venons de parler) mérite d’être conservée pour le Théâtre de la Réformation.

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