La Tragédie et la Comédie sont bonnes aux hommes en général, et je ne suis de votre avis qu’en partie sur l’influence des religions, des gouvernements, des lois, des coutumes, des préjugés et des climats sur les spectacles. Térence et Molière ont eu le même objet, ils ont offert des spectacles de même espèce à des peuples différents par les lois, les mœurs, le gouvernement et la Religion. […] Celles où les Auteurs n’ont envisagé que de flatter le goût particulier de la Nation, n’ont pas à beaucoup près un succès aussi étendu, d’où l’on doit conclure que les bons spectacles sont ceux où l’on attaque les vices communs à tous les hommes, et que par conséquent c’est le genre auquel on doit se borner, puisqu’il est universellement utile indépendamment du gouvernement, des lois et de la Religion. […] Il faut travailler une mine longtemps avant qu’elle dédommage les entrepreneurs et qu’ils parviennent à la bonne veine : le Théâtre est comme cette mine ; le plomb s’est présenté le premier : les lois, la police, et le génie des Auteurs sont enfin parvenus à découvrir l’or qui se cachait sous des enveloppes crasses et des marcassites méprisables ; et c’est au moment de la découverte que vous vous déguisez combien la mine est riche et que vous voulez en faire abandonner l’exploitation : visitons-la cette mine avec le flambeau de la vérité, qu’il dissipe les ténèbres du préjugé que vous voulez épaissir. Je ne me suis pas imposé la loi de vous ménager beaucoup, vous m’en avez donné l’exemple, et si ma réplique vous paraît dure, prenez-vous-en à votre déclamation qui ne l’est assurément pas moins.
Le clergé dans une telle circonstance enfreint les lois ecclésiastiques et les lois civiles, il se met en opposition avec les canons des conciles, et brave la raison et l’opinion publique. […] Donc le clergé qui procède à une telle cérémonie que celle que je viens de décrire, est en opposition directe et avec les lois de l’Etat et avec les lois de l’Eglise. […] A la suite des saintes de la loi nouvelle, on voit paraître celles de l’Ancien Testament, représentées par plusieurs matrones, qui joignent à un air grave et respectable la fraîcheur et les agréments de la jeunesse. […] La puissance du prince, la puissance des lois, ne créent pas pour eux une exception. […] Nous allons examiner dans le chapitre suivant, si les prêtres qui agissent avec tant de rigueur contre des citoyens qui exercent une profession voulue et consacrée par les lois du royaume, n’ont pas besoin pour eux-mêmes de l’indulgence des peuples, à l’égard de l’oubli qu’ils manifestent des propres lois ecclésiastiques, qui leur imposent, dans leur conduite privée, des obligations qui sont totalement inexécutées de nos jours.
[Platon, De la République, livre X ; Des Lois, livre VII]. […] [Platon, De la République, livre X ; Des Lois, livre VII].
Rome avait des lois pareilles. […] Les lois Romaines les plus sévères n’ont jamais puni d’une infamie légale ces légèretés passagères que les Empereurs même se sont quelquefois permises. […] La loi que l’on viole, les sentiments qu’on combat par les œuvres, sont-ils moins certains ? […] Mais cette distinction est inutile ici, parce que les lois donnent également et généralement ces deux titres aux Comédiens (L. […] traduit en 1569, dédié au Cardinal de Givry, où il rassemble contre le théâtre quantité de faits, de lois, de raisonnements, dont nous pourrons ailleurs faire usage.