/ 492
119. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

Promenades, sociétés, festins, livres, bonnes œuvres, sermons, tout peut être une occasion de chute & de crime. […] Le Brun, si connu par son livre critique des Pratiques superstitieuses, livre où il se donne pour une ame peu commune, étoit superstitieux comme un autre : on a dit que c’étoit un médecin malade lui-même. […] Aussi fit-on sur lui cette épigramme :       Messire Laurent P....tier       Qui ne put être bachelier, Parce qu’il fut trouvé rossignol d’Arcadie,       Ces jours passés, un livre a fait,       Qui condamne la comédie,       Dont il seroit un beau sujet. […] De tous les livres qu’il a donnés, celui-ci est presque le seul qui contienne des vérités utiles & pratiques.

120. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

Si vous aimez les ouvrages d’esprit, lisez les livres des Écritures, vous y verrez une science, une éloquence, une poësie, bien supérieures à tous les Poëtes tragiques & comiques. […] Ses livres embrassent l’histoire de tous les siecles, remontent au premier instant où une parole toute puissante fit sortir du néant le ciel & la terre. […] Voilà les livres qu’il faut lire, les ouvrages qu’il faut méditer. […] C’est au jour du jugement que paroîtra dans tout son jour le contraste de ces deux grands spectacles ; le Juge des vivans & des morts, assis sur son tribunal, porté sur un nuage, environné de ses Anges, qui prononcera l’arrêt de la destinée éternelle du monde ; les hommes & les démons rampans à ses pieds, les hommes eux-mêmes séparés les uns des autres, les bons à la droite, les méchans à la gauche, se maudissent mutuellement, opposant les vertus aux vices, confondant les vices par les vertus ; le grand spectacle de l’ouverture du livre des consciences, qui en développera les plus secrets replis ; le ciel recevant en triomphe ses heureux habitans ; l’enfer ouvrant ses abîmes, & engloutissant pêle mêle tous les damnés ; l’un & l’autre fermé sans retour, & présentant un hommage éternel à la justice & à la bonté divine, par les supplices & les récompenses. […] J’ose dire que la vie des Saints, même humainement, est le livre le plus agréable, aussi-bien que le plus utile à lire, & les événemens qu’elle rapporte les plus intéressans à méditer.

121. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Fêtes de Théatre. » pp. 95-114

Jusqu’ici, dans l’énumération des actes de charité spirituelle ou corporelle, aucun Théologien, aucun Prédicateur, aucun livre de dévotion n’avoient compris de donner par charité la comédie aux pauvres ; & au jour du Jugement, Dieu ne l’y ajoutera pas. […] Rien n’est plus dévot que le théatre Grec & Latin ; il n’est point de livre de piété qui parle plus de Dieu & de ses Saints, que les tragédies de Sophocle, d’Eschile & de Séneque, ne parlent de la Mithologie payenne ; ce sont par-tout les actions des Dieux, des prieres, des offrandes, des cantiques ; les Dieux font tout, on en espére, on en craint tout. […] Térence est en ce genre, un livre de dévotion, en comparaison de Moliere, de Dancourt, de Gerardhi, &c. que dans une tragédie d’Eschile ou d’Euripide, à la place du nom de Jupiter, d’Apollon, de Minerve, on mette le nom du Dieu véritable, sans rien changer dans les pieces & les sentiments ; on en fera un ouvrage si pieux, que notre théatre ne pourra souffrir la bigotterie de ces chefs-d’œuvres. […] Livre VIII, d’après Villani, Livre VIII. […] Dans son livre du nouvel Evangile. il accuse le Cardinal Pallavicini d’avoir favorisé le théatre, & il est vrai que dans son histoire du Concile de Trente l.

122. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

Les livres, les tableaux n’en approchent pas ; c’est l’abrégé de la passion, l’élixir du vice, le crime même avec tout son poison, vivant & agissant, charmant tout : qui peut lui résister ? […] Les livres de médecine sont remplis de descriptions & de planches anatomiques les plus grossieres : on les étudie, on disseque les sujets sans péché. […] En conclurra-t-on que tout le monde peut pour son plaisir lire ces livres, regarder ces objets, écouter ces détails ? […] Qui ne sent la différence des romans avec les livres de médecine, des peintures lascives avec les planches anatomiques, des discours licencieux avec la confession de ses péchés ? […] Il termine son ouvrage par un extrait bien fait du livre de Mariana, Jésuite Espagnol, devenu très-rare.

/ 492