Nous laissons Jésus-Christ sur l’Autel, pour repaître nos yeux adultères par les regards très impudiques de l’incontinence, et de la licence à recevoir un tas de sales objets que l’on représente dans ces jeux.
Ainsi tout ce que je puis faire est de prier les personnes intelligentes de n’en rien dire, et de laisser couler cette impression à la faveur de l’indulgence publique.
Depuis que les spectacles ont acquis une si grande faveur, qu’on ne respire que spectacle, le torrent les a entraîné ; quelques Instituteurs ont eu la foiblesse de mettre au nombre des leçons utiles à leurs éleves precisement les mêmes choses qu’on croyoit autrefois devoir leur laisser ignorer. […] Les parties du corps que la pudeur vous fait cacher, pourquoi les présentez-vous à nud, & les laissez-vous sous les yeux de vos enfans ? […] Un pere, une mere, un Gouverneur, n’oseroient se montrer à nud devant leurs enfans, & ils laissent sous leurs yeux toute sorte de nudités ; on ne leur laisse ni tenir ni entendre des discours licencieux, ni même nommer des objets grossiers.
Esther, à la vérité, ne voulut pas se parer elle-même ; mais elle se laissa parer par le chef des Eunuques, qui sans doute ne négligea rien dans sa parure : Non quæsivit muliebrem cultum, sed quacumque voluit Eunuchus dedit ei adornatum. […] La chasteté n’y court pas moins de risque : croit-on que les rêveries, les espérances sur l’effet que produisent ses charmes, que la douce & molle impression qu’ils produisent sur elle-même, laissent un cœur bien chaste ? […] On fait dans ces Mémoires un détail charmant de la grandeur du front, de la rondeur de la face, du ton de la chair, des ombres, des rides, de la vie du teint, de la teinte ardente ou rembrunie des cheveux ; des différentes coëffures, coëffure de l’entrevue, coëffure du mariage, coëffure du lendemain des noces, coëffure de la prude, qui laisse percer les prétentions sans les annoncer, coëffure de la coquette, &c. de la vivacité, de la dignité, du brillant, de la langueur, du maintien. […] à moins que ce ne soit un Comédien peu délicat sur la décence qui se laisse prendre à cet appât, ou quelqu’un de ces maris de commande qui font le dénouement de la comédie.