Le penchant que nous avons à juger de nous favorablement, nous fait méconnaître nos ressemblances, si elles ne sont tout à fait marquées. […] Quoi qu’il en soit, on ne rapporte aucun de ces canevas signés de la main de saint Charles ; et il en faudrait pour juger jusqu’où il portait sa tolérance. […] Il est nombre d’états qui rendent publics ceux qui les embrassent, sans les rendre moins respectables ; et si l’on se plaît volontiers à dire du mal, ce n’est que de ceux dont l’emploi ne fait pas juger le bien.
Il a donc jugé imprudemment sans connoissance.
Si quelque étincelle de raison vous fait préférer l’âme au corps, jugez qui mérite mieux votre culte : « Pontifex propter animarum cavendam pestilentiam scenum construi prohibebat. » Mais ce que la postérité aura peine à croire, la corruption était si grande, l’aveuglement si profond, qu’après le sac de Rome les amateurs du théâtre, fugitifs, étant venus à Carthage, allaient en foule se passionner au spectacle : « Animos miserorum tantis obcacavit tenebris, tanta deformitate fœdavit, ut Romà vastata, quos pestilentia illa possiderat, in theatris quotidie certatim pro Histrionibus insanirent. » O insensés, l’univers entier est étonné et affligé de vos malheurs, et vous, quelle fureur !
L’Auteur de cet Ecrit avertit d’abord qu’il le donne au public, par le conseil de personnes assez considérables dans l’Eglise, qui ont jugé qu’on ne peut opposer trop de digues à la violence du torrent qui entraîne tout le monde à la Comédie.