Le Parlement de Paris nous peut encore servir d’une forte preuve, pour apprendre au Théologien quel jugement il doit porter des Comédiens : car une troupe de ces sortes de gens étant venus à Paris, en l’année 1584. et ayant dressé un Théâtre dans l’Hôtel de Cluny, la Chambre des Vacations en étant avertie, leur fit défense de jouer dans Paris, sous peine de mille écus d’amende. […] Allez, allez Prédicateurs ; travaillez à exciter la crainte de Dieu dans les âmes : parlez, menacez, tonnez, représentez les Jugements de Dieu ; faites des Discours sur la mort, sur l’enfer, sur les démons ; tout cela ne fait plus rien dans l’esprit des hommes ; ils ont trouvé moyen de se faire un divertissement des objets les plus redoutables : et rien n’est plus capable de toucher une personne addonnée aux représentations du Théâtre. […] Péché dans le mauvais usage de l’argent que l’on y dépense : Dieu vous fera voir au Jugement que vous pouviez ce jour-là donner du pain à vingt pauvres qui en ont manqué. […] Quel souvenir peut-on conserver de Dieu, de sa Loi sainte, et de ses jugements, au milieu d’un tel divertissement ? […] Ils ne savent ce qui a été ordonné de leur salut dans les secrets de Dieu ; ils ignorent le moment auquel ils doivent être presentés à son terrible jugement ; ils ont pour la plupart des péchés considérables sur la conscience dont ils n’ont point fait pénitence, ni rien qui peut leur en mériter le pardon ; et avec tout cela, ils ne songent qu’à passer la vie dans le divertissement, et à donner à la joie tout le temps dont ils peuvent disposer ; ils accordent à leur sens les plaisirs les plus capables de les corrompre, et exposent leurs âmes aux dangers les plus évidents de les perdre, comme si tout était en sûreté pour eux.
Ces instrumens exprimant tour à tour les différentes images du jugement dernier, formerent une simphonie lugubre & effraiante, qui sert encore d’entretien aux connoisseurs.
Vous dites, qu'il répond à l’élection, et qu’il sera représenté par la fable de la Pomme d’or. » Cette Pomme d’or, mes Pères, est propre à faire souvenir ceux qui ont lu les Poètes, de l’Histoire ou de la fable de ces trois Déesses qui se disputant l’une à l’autre le prix de la beauté s’en remirent au jugement de Pâris qui décida en faveur de Vénus.
Ils doivent donc craindre que Dieu ne leur dise en son jugement ; « quia non pavisti occidisti ».