C’était un grand espace vide au devant de la Scène, où les Acteurs, venaient jouer la Pièce ; & qui par le moyen des Décorations, représentait une Place publique, un simple carrefour, ou quelqu’endroit champêtre, mais toujours un lieu à découvert ; car toutes les Pièces des Anciens se passaient au dehors, & non dans l’intérieur des maisons, comme la plupart des nôtres. […] Nous lisons dans Suétone qu’un Acteur qui jouait le Rôle d’Icare, & dont la machine eut malheureusement le même sort, alla tomber près de l’endroit où était placé Néron, & couvrit de sang ceux qui étaient autour de lui. […] Si nous remontons aux Grecs mêmes, nous trouverons d’abord que jusqu’à Cratinus, leurs Théâtres, ainsi que leurs Amphithéâtres, n’étaient que de charpente ; mais un jour que ce Poète fesait jouer une de ses Pièces, l’Amphithéâtre trop chargé se rompit & fondit tout-à-coup. […] Ceux qui servaient d’ornement, étaient les plus riches ; & ceux qui spécifiaient la Scène, présentaient toujours quelque chose de la Pièce qu’on jouait.
« Quiconque monte sur le théâtre est infâme. » Pour peu qu’on ait de bon sens, on reconnaîtra facilement qu’il est impossible de concilier le métier de comédien avec les devoirs du christianisme : car, « lorsqu’un comédien veut jouer une passion, dit Bossuet1, il faut qu’il la joue le plus naturellement qu’il lui est possible ; il faut qu’il rappelle autant qu’il est en lui celles qu’il a ressenties, et que, s’il était chrétien, il aurait tellement noyées dans les larmes de la pénitence, qu’elles ne reviendraient jamais à son esprit, ou n’y reviendraient qu’avec horreur. […] Tous les sujets des pièces n’étant tirés que des antiquités nationales, dont les Grecs étaient idolâtres, ils voyaient dans ces mêmes acteurs moins des gens qui jouaient des fables, que des citoyens instruits qui représentaient aux yeux de leurs compatriotes l’histoire de leur pays. 4°. […] La tragédie n’étant d’abord jouée que par des hommes, on ne voyait point sur le théâtre ce mélange scandaleux d’hommes et de femmes, qui fait des nôtres autant d’écoles de mauvaises mœurs. 6°.
C’était chez une personne, qui en ce temps-là était fort de vos amies, elle avait eu beaucoup d’envie d’entendre lire le Tartuffe, et l’on ne s’opposa point à sa curiositéh, on vous avait dit que les Jésuites étaient joués dans cette Comédie, les Jésuites au contraire se flattaient qu’on en voulait aux Jansénistes, mais il n’importe, la Compagnie était assemblée, Molière allait commencer lorsqu’on vit arriver un homme fort échauffé, qui dit tout bas à cette personne : Quoi, Madame, vous entendrez une Comédie, le jour que le Mystère de l’iniquité s’accomplit ? […] On y joue un Valet fourbe, un Bourgeois avare, un Marquis extravagant, et tout ce qu’il y a dans le monde de plus digne de risée. J’avoue que le Provincial a mieux choisi ses personnages, il les a cherchés dans les Couvents et dans la Sorbonne, il introduit sur la scène tantôt des Jacobins, tantôt des Docteurs, et toujours des Jésuites ; combien de rôles leur fait-il jouer, tantôt il amène un Jésuite bon homme, tantôt un Jésuite méchant, et toujours un Jésuite ridicule. […] [NDE] Racine joue habilement sur la formule de Barbier d’Aucour, en prenant au sens strict la subordonnée circonstancielle de temps.
Malgré cet enthousiasme anglomanne, si l’on présente au Comité des comédiens ces pieces angloises traduites, je doute que ce souverain tribunal se charge d’en jouer aucune. […] On a affiché au foyer de la Comédie un tableau de pieces nouvelles qui sont reçues, au nombre de quarante-huit, dans l’ordre où elles doivent être jouées. […] A la sollicitation de la Troupe flamande qui joue dans cette ville, on a prêté main-forte à celle de Paris, on l’a ramené pieds & mains liés. On ne lui confiera plus le rôle de Caissier, qu’il a si mal joué : il en jouera peut-être quelqu’un à la Greve un peu tragique ; à moins que ces princes généreux ne lui fassent grace. […] M. parut sur la porte l’orchestre joua une contre-danse, & comme d’un coup de baguette de Fée, toutes les Dames à la fois formerent quatre contre-danses, & se mirent à sauter de leur mieux.