/ 446
139. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Le premier Poëte qui fit jouer une Piéce Satyrique, se nommoit Pratinas, & ce fut à la Représentation d’une Piéce de ce Pratinas que les échaffauts, chargés de Spectateurs, se rompirent ; ce qui engagea la Ville à faire construire un Théâtre solide. […] Sophocle fut le premier qui à cause de la foiblesse de sa voix cessa de jouer dans ses Piéces. […] Ce n’étoit pas non plus, les meilleures Piéces qu’on choisissoit toujours pour être jouées, parce que les Magistrats chargés des frais du spectacle, achettoient les Piéces, & que quand ils étoient avares, ils achettoient quelquefois une Piéce médiocre, que le Poëte donnoit à meilleur marché. […] Quelquefois quand il avoit joué sa Piece on le couronnoit de fleurs, & on le reconduisoit chez lui avec des acclamations ; il reçut même, par un decret public, la couronne la plus honorable que pût recevoir un citoyen. […] Ils ont plus dépensé, dit Plutarque, pour faire jouer les Medées, les Oedipes, les Electres, qu’il ne dépenserent autrefois pour défendre la liberté de toute la Grece contre les Perses.

140. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

Dont il conclut comme devant, qu’il n’est pas expédient qu’elles soient jouées ès Théâtres. […] Qu’on y joue des pièces bien faites par de beaux esprits, auxquelles la voix et les gestes donnent la vie, par laquelle souvent les auditeurs et spectateurs sont détournés du mal, et portés au bien. […] Les Enfants-sans-souci sont une confrérie joyeuse qui défile les jours de fête et jouent des pièces profanes – farces, soties et moralités. […] Citation tronquée d’un article du droit canonique : « Neque illum qui in scena lusisse dignoscitur clericum esse ordinandum » (« Celui dont on sait qu’il a joué sur scène ne doit pas être ordonné clerc »). […] Salvien joue de cette formule dans le texte traduit par Rivet, voir infra, p. 110.

141. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Mais elles ne seront plus jouées, aux Reprises, par les Acteurs choisis ; elles deviendront alors le partage de nouveaux admis, les mieux disposés à les rendre avec succès. […] Jouer à la Cour. Les Acteurs les plus distingués par leur naissance & par leurs talens, joueront seuls devant le Monarque. […] La jeunesse Romaine jouait dans les Atellanes. […] On ne jouait pas habituellement les Comédies de Plaute, de Térence & des autres ; mais seulement à des Fêtes que les Grands donnaient au Peuple en diverses occasions.

142. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Traité de la comédie et des spectacles » pp. 1-50

Ce n'est pas aussi par cet endroit que je prétends examiner la Comédie : le discours que j'ai entrepris appartient à la Morale et non pas à la Métaphysique : je veux parler de la Comédie comme on la joue, et point du tout comme on ne la joue pas. […] Et si les Comédies qu'on a jouées depuis trente ans en France sont exemptes de ces vices, ne sont-elles pas dignes du même blâme que nos Tragédies et Tragi-comédies, par la manière d'y traiter nos passions ? […] « Le remède y plaît moins que ne fait le poison. » Telle est la corruption du cœur de l'homme, mais telle est aussi celle du Poète, qui après avoir répandu son venin dans tout un ouvrage d'une manière agréable, délicate et conforme à la nature, et au tempérament, croit en être quitte pour faire faire quelque discours moral par un vieux Roi représenté, pour l'ordinaire, par un fort méchant Comédien, dont le rôle est désagréable, dont les vers sont secs et languissants, quelquefois même mauvais,: mais tout du moins négligés, parce que c'est dans ces endroits qu'il se délasse des efforts d'esprit qu'il vient de faire en traitant les passions: y a-t-il personne qui ne songe plutôt à se récréer en voyant jouer Cinna, sur toutes les choses tendres et passionnées qu'il dit à Emilie, et sur toutes celles qu'elle lui répond, que sur la Clémence d'Auguste, à laquelle on pense peu, et dont aucun des spectateurs n'a jamais songé à faire l'éloge en sortant de la Comédie. […] Si donc la Comédie en l'état qu'elle est présentement, est si opposée aux maximes du Christianisme, n'est-ce pas encore ajouter crime sur crime, que de choisir le saint jour du dimanche pour la jouer ? […] Je ne pense pas que selon cette règle on puisse justifier celui qui va à la Comédie, ni celui qui la joue.

/ 446