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179. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IX. Sentiments de S. Ambroise. » pp. 200-211

Vous y trouverez les plus belles voix, la plus agréable symphonie, « concentu canentium », la variété, la volupté des pas, des attitudes, des figures, de la danse, « saltantium strepitu » ; on s’y livre à la joie, on y rit aux éclats, « ridentium cachinnis » ; on y goûte sans contrainte tous les plaisirs, on y satisfait tous ses désirs, « lascivientium plausus ».

180. (1579) De l’Imposture et Tromperie « Livre premier. Des jeux et autres observations séculières retenues de l’ancien Paganisme. Chapitre 22. » pp. 101-107

) que David et tout le peuple jouaient devant le Seigneur de toutes sortes d’instruments : et qu’icelui dansant sautant de joie fut moqué de sa femme Michol, laquelle moquerie fut autant désagréable à Dieu, comme David jouant lui avait été agréable.

181. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

Les révoltés des Pays-Bas qui n’avoient pas moins à craindre l’armée navale de Philippe, si elle eut débarqué sur leur côte, n’eurent pas moins de joie de sa défaite ; mais ils n’eurent pas la fatuité d’en triompher, quoiqu’ils y eussent autant de part que les Anglois ; ils firent également frapper une médaille aussi ingénieuse, mais plus modeste ; d’un côté on lisoit ces paroles : Soli Deo honor & gloria , & au revers celles-ci : Classis Hispanita venit, abiit, fugit , ce qui étoit vrai. […] Carlos accepta la proposition avec transport ; Philippe ne s’en éloignoit pas, tandis qu’il avoit cru son fils soumis & Catholique ; mais quand ces espérances eurent développé ses sentimens, que son irréligion & son ambition furent découvertes, Philippe ne put lui pardonner ; Elisabeth de son côté affecta d’agréer ce projet avec les plus grandes démonstrations de joie, elle déclara que c’étoit le plus agréable mariage qu’on put lui proposer, que l’Infant n’avoit qu’à venir à Londres, & qu’elle l’épouseroit sans même s’embarrasser des oppositions de son père. […] La ville de Londres pour lui faire sa cour, fit des réjouissances publiques de la mort de Marie comme d’une grande victoire, il y a même grande apparence que ce fut par son ordre secret ; voyant de ses fenêtres les illuminations & les feux de joie : elle fit l’ignorance & l’étonnée, & demanda ce que c’étoit, on lui dit, ce sont des réjouissances pour la mort de la Reine d’Ecosse.

182. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Henri IV. » pp. 121-168

Des amours romanesques, des nôces, des chants de joie, dans le temps d’une bataille qui doit décider du sort de l’Etat, des ariettes dans les horreurs d’un combat, des sentimens outrés d’héroïsme, dans les momens les plus précieux, destinés aux conseils de la politique, aux efforts des armes, à l’action, n’est-ce pas tout dénaturer, tout avilir, & nous rendre ridicules ? […] Un orchestre caché derriere le théatre joue tous les airs militaires propres aux évolutions & aux manœuvres de deux armées ; on bat la générale, la marche, le bouteselle, la charge ; on entend les tambours, les trompettes, le canon, la mousquéterie ; on croit entendre les cris des combattans, les gémissemens des blessés, la joie des vainqueurs, comme si on écoutoit à quelque distance du champ de bataille ; le bruit tantôt s’approche, tantôt s’éloigne, se renforce, se ralentit, se distingue, se confond ; &, quoique la scène soit vuide, jamais par l’adresse du musicien elle n’a été mieux remplie, jamais le spectateur n’a été plus occupé, plus agité, plus attendri, plus effrayé ; on fait parler le silence même & la solitude. […] Il aimoit à railler, mais jamais d’une manière piquante ; il souffroit volontiers les railleries, & n’usoit point de sa supériorité pour les repousser ; il préféroit le plaisir à l’ambition, & ne se piquoit de primer que dans les courses des chevaux & dans le bal ; sa gaieté inspiroit la joie à tout le monde ; il mangeoit familierement chez les bourgeois, sans pourtant s’avilir par des indécences, & les Durosois n’auroient pas trouvé chez lui de matiere à leurs farces.

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