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200. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

Cet homme unique avoit dans sa jeunesse aimé les spectacles & tous les plaisirs, il fut même Poëte, médiocre à la vérité, mais bon pour le temps. […] Molière fit contre lui ses deux meilleures pièces : la première les Précieuses Ridicules contre sa femme qui faisoit l’honneur de l’Hôtel de Rambouillet où étoit le rendez-vous des beaux esprits, & dont il tourna le Néologisme en ridicule, ainsi que dans quelques scènes des Femmes Savantes : la seconde contre lui-même ; le Misanthrope où sous le nom d’Arnolphe il l’attaque comme un esprit bourru, bisarre & sauvage, qui hait tout le genre humain par un excès de probité, il déguise légèrement le portrait par une galanterie pour une coquette, qu’il n’avoit pas ; car il étoit marié, très-fidèle & très-attaché à son épouse, très-digne de lui ; mais qu’il pouvoit avoir eu dans sa jeunesse quand il servoit en Lorraine.

201. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

En veut-on deux mille, que l’on suive la conduite des jeunes gens qui en sortant du Collège pour entrer dans le monde, ont le bonheur de prendre du goût pour le spectacle et de le préferer à tous les amusements auxquels la jeunesse a coutume de se livrer. […] J’avais eu dès ma plus tendre jeunesse du goût pour cette profession, mon Père m’avait mené de bonne heure à la Comédie, et je puis assurer que la premiere fois que j’ai vu le spectacle, a décidé ma vocation pour ce genre de vie.

202. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

De tous ces différents témoignages il résultera que la Poésie Dramatique a été communément regardée comme la Mère du vice, la corruption de la Jeunesse, et la source des maux du pays où elle est tolérée. […] Ils craignaient que la jeunesse volage et légère ne tînt pas ferme en ces rencontres ; et ils savaient à quel danger c’est exposer les hommes, que d’ajouter encore un poids à la pente de la nature. […] « les Comédies ne sont guère propres qu’à gâter la jeunesse. […] Ce Poète dédie sa Pièce à la B. fameuse corruptrice de la jeunesse de Londres.

203. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

Écoutons cette Reine : Tendons à sa jeunesse une main bienfaisante ; C’est un infortuné que le Ciel me présente. […] Elle me semble d’autant plus dangereuse qu’avant de l’entamer vous avez soin de faire parade d’un esprit de modération, et; de douceur qui ne m’a pas paru vous inspirer jusqu’à présent. « Ne nous prévalons, c’est vous qui parlez, ni des irrégularités qui peuvent se trouver dans les ouvrages de sa jeunesse, ni de ce qu’il y a de moins bien dans ses autres piéces, et; passons tout d’un coup à celle qu’on reconnoît unanimement pour son chef-d’œuvre : je veux dire le Misantrope. » Cette indulgence qui veut excuser ce que tout le monde disculpe aura bientôt des suites rigoureuses. […] Toute la jeunesse de Genève aime les Spectacles et; en demande, pourquoi les lui refuser ? […] Ajoutez à ce témoignage les marques de bienveillance dont toute la jeunesse de la Ville a comblé le sieur d’Auberval, Comédien de Lyon, qui fût obligé d’y passer quelque tems l’avant derniere automne. […] Vous n’empêcherez point « l’exposition des Dames et; Demoiselles parées tout de leur mieux et; mises en étalage ; l’affluence de la belle jeunesse viendra de son côté s’offrir en montre. » Si cela vous a paru très-pernicieux quand il a été question de la Comédie, je trouverai un surcroît de danger dans ces promenades trop réitérées, par la facilité qu’elles procureront aux jeunes personnes de faire des échappées à la faveur des excuses que la foule pourra leur fournir.

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