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295. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

L’infidélité partout condamnée, n’est qu’un jeu au théatre, un honneur dans Amphitrion, un tour d’adresse dans George Dandin, par-tout un goût pardonnable : le chagrin des maris trompés, leur vigilance, & leur zèle un vrai ridicule ; le grand Moliere en a été la victime, & le modéle ; il n’a pû vivre avec sa femme, malgré les plus basses satisfactions, & il le méritoit aussi peu qu’elle, quoiqu’à tous égards actrice complette. […] Jeu & luxe, mouches & fard, coëffures bizarres, nudités de gorge, Bal, comédie, opéra, sujets usés de la morale des Prédicateurs, on vous traite sort inutilement dans la Chaire : Les femmes ne vous écoutent plus ; mais si les Ministres se taisent, s’ils sont forcés de se taire, la Providence a permis que la liberté Satirique du théatre, y supplée. […] La description de son Palais, de sa cour, de son cortège, de ses jeux, de ses habits, de sa toilette, de ses équipages, des hommages qu’elle reçoit, des audiences qu’elle donne, des loix qu’elle porte, des jugemens qu’elle prononce, &c. forment une suite de tableaux amusans, ingénieux, très-vrais & instructifs, si la frivolité étoit capable d’instruction. […] Le petit livre des amusemens sérieux & comiques est dans ce goût ; on fait parcourrir l’opéra, le caffé, la comédie, le jeu, la promenade, en un mot, tout Paris, à un Voyageur Siamois, pour qui tout est nouveau, & à qui on fait dire bien de jolies choses.

296. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

Il fut toujours pauvre, laborieux & triste ; la mort d’une épouse de mérite qu’il aimoit beaucoup, & de deux enfans du premier mari de sa femme qui l’avoit comme adopté, l’accablerent de douleurs & le jetterent dans une profonde tristesse dont ses écrits ne sont que l’expression, & si on peut le dire, des accès de redoublement, car la poésie n’est qu’un jeu de machine, la verve une imagination exaltée, la bile qui bouillonne dans le caractere satyrique, le sang dans la galanterie comme l’adresse des animaux qu’on nomme instinct, moins vive, mais plus grande dans son objet que celle de l’homme. […] Dans une piece représentée à la Cour, le Roi fut si content de son jeu, qu’il augmenta sur le champ de 3000 sa pension de 1000 qu’elle avoit déjà. […] On a beaucoup ri, la farce a réussi parfaitement ; le pour & contre sont bien reçus dans les Etats de Thalie ; après tout, c’est rendre justice à Arlequin, il mérite bien des jeux séculaires, il vaut bien en son genre les plus grands poëtes ; son nom est beaucoup connu ; une infinité de piece toute sur Arlequin, & il regne sur tous les Théatres de l’Europe, il faut bien du génie, de souplesse, d’adresse, de finesse pour être un parfait Arlequin ; son nom a passé en proverbe : honneur que n’ont pas reçu les plus grands maîtres. […] Les fadeurs puériles sont semées de quelque jeu de mots qui sont rire, de quelques bons airs qui plaisent, & de traits de satyre qui piquent, ç’en est tout le mérite.

297. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

Sur quoi dans un autre endroit il célèbre poëtiquement l’Actrice la Hus, très bonne Sultanne, par des vers qui ne font l’éloge de la modestie ni du Poëte ni de la Favorite :   Diane & ses jeunes compagnes, N’ont jamais dans leur jeux mis tant de volupté. […] Dans une autre scène, la folie recommence le même jeu (il est digne d’elle), & anime d’autres statues d’hommes & de femmes. […] La scène est une femme de mauvaise vie qui fait la prude pour cacher son jeu, & par l’appas d’une modestie superficielle séduit l’ame innocente, qui l’eût repoussée, si on l’eût attaquée ce visage découvert.

298. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE III. De la Comédie. » pp. 92-118

S’il s’en rapportait plus à son goût et à ses lumières qu’au mauvais jugement de gens qui préfèrent les expressions éblouissantes et les jeux de mots aux pensées les plus solides et aux expressions consacrées à la vérité du sentiment. […] Lorsqu’Oronte vient lire un Sonnet, tissu de pointes réfléchies qu’il croit des bons mots, son Sonnet doit déplaire comme la pointe du Cardinal Janson : des jeux de mots pensés et médités ne peuvent pas produire d’autre effet. […] Ce sont des jeux d’esprit d’autant moins dangereux qu’ils ne sont reçus que pour ce qu’ils sont.

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