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4. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre prémier. Le sujet. » pp. 160-182

Pour qu’il fut possible de les regarder comme participant à l’intrigue, il faudrait que ce fut le Hèros du Drame qui se mariât, au lieu que c’est toujours un Personnage subalterne. […] Qu’il sache peindre d’après nature tel Artisan dans sa Boutique, cela lui tiendra lieu de l’intrigue la mieux recherchée, & composèe avec le plus d’Art. […] Il est impossible de se trouver dans le cas d’imaginer une Pièce embrouillée par une intrigue pénible à suivre. […] Leurs Pièces n’ont presque point d’intrigue. […] Les Anglais, les Allemands, les Hollandais & les Dannois, aiment les intrigues compliquées, & des Spectacles prodigieux.

5. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XIII. S’il est nécessaire qu’une Pièce de Théâtre plaise autant à la lecture qu’à la représentation. » pp. 359-363

Le suffrage qu’on accorde au stile est moins flatteur que celui qu’on prodigue à la manière dont l’intrigue est composée ; puisqu’il n’est que l’accessoir, tandis que l’action est l’objet principal. […] Ces grands génies auraient-ils mis tous leurs soins à faire dire à leurs Personnages des choses frappantes & sublimes, s’il n’avait été nécessaire que de combiner une intrigue ? […] Une Pièce dont l’intrigue sera passable & le stile parfait, ira charmer encore la postérité ; tandis que celle dont le stile est pitoyable, & dont l’action est sans défaut, vit à peine quelques années.

6. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Riccoboni. » pp. 4-27

Il est vrai qu’on met dans la plupart une sorte d’adoucissement, en terminant l’intrigue par un mariage : foible palliatif, ces amours, qu’on appelle honnêtes, ne sont pas moins que les autres de mauvais exemple ; ils sont traités sur la scène sans bienséance, & en dépit des engagemens des parens & de la volonté des tuteurs ; c’est le pivot sur lequel tournent toutes les intrigues. Comme les intrigues ne peuvent réussir que par l’entremise de quelque personne subalterne, tous les théatres en ont employé. […] Les Italiens leur ont substitué des hommes & des femmes d’intrigues, qui ne sont pas rares chez eux, & qui rendent le même mauvais service à la jeunesse. […] Ordinairement ils ont leur intrigue aussi ; on voit marcher de front les amours du maître & ceux du valet. […] Des intrigues de cette nature ne peuvent jamais être admises.

7. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre III. De l’Unité de lieu, de Tems & de Personne. » pp. 211-238

Ne ferait-on pas mieux d’arranger son sujet de façon que l’intrigue fut supposée se passer à l’heure ordinaire du Spectacle ? […] En général, le Poète doit éviter de mettre dans ses Pièces des dates d’heures, de jours, de mois & d’années ; il est tant de moyens de les passer sous silence, sans que l’intrigue en souffre ! […] Nos jeunes Auteurs croyent avoir tout fait dès que leur intrigue ne roule que sur un seul personnage. […] Elle serait double, si l’on prenait les incidens d’une autre, qui joints avec ceux de la prémière, formeraient par conséquent deux intrigues différentes. […] Tout le monde sçait que l’intrigue d’une Pièce doit toujours se rapporter au principal Acteur.

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