Pour la satisfaction des hommes, Dieu avoit établi chez les Juifs une eau de jalousie, qu’une femme soupçonnée étoit obligée de prendre ; épreuve délicate si elle n’étoit pas innocente : sa mort honteuse étoit certaine. […] Ne confondons pas deux choses très-différentes : le Prince peut n’être pas coupable dans la tolérance des dangers & des crimes ; le particulier ne peut être innocent dans sa témérité, à s’exposer à l’un & à l’autre.
notre chair est trop innocente et trop choyée pour pouvoir endurer le martyre. » En chemin faisant ; si l’horreur de la souffrance est une marque d’une chair innocente, notre Poète est certes de la complexion des plus grands saints ; témoin son épître dédicatoire du RoiPoème de M.
Ça, M. c’est icy où je vous appelle au pied du theatre, pour y renouveller dans vôtre esprit, non pas un souvenir criminel, mais un souvenir innocent de tous les divers objets qui y ont frappez vos sens, & de tous les divers mouvemens qui y ont agitez vôtre ame. […] Le voilà donc dans l’amphitheatre en depit de luy, & malgré toutes ses resistances, car disoit-il à ses amis, vous pouvés m’y retenir de corps, mais vous ne serés pas les maîtres pour y retenir mon esprit, & pour me faire ouvrir les yeux, adero itaque absens, & sic, & vos, & illa superabo , j’y assisteray donc puisque vous m’y forcés, mais j’y seray comme absent, car je n’y appliqueray ny mes regards, ny mes pensées, & par cét innocent artifice, je triompheray en même tems & du plaisir de ce spectacle, & de l’injustice de vôtre amitié. […] Hæ voluptates, hæc spectacula Christianorum sancta, perpetua, gratuita , voilà les innocentes voluptez & les agreables spectacles des Chrétiens, mais spectacles saints, perpetuels, & libres ; Saints, puisque la sainteté s’y perfectionne, & que la vertu s’y purifie ; perpetuels, puis que la scene est par tout, & que par tout on y voit de rares exemples de piété & de religion ; libres, puisque les portes des Eglises sont toûjours ouvertes, que l’entrée n’est point venale, & qu’il est permis à tout le monde d’assister à la celebration de ses mysteres, sans donner ny or ny argent.
Comment sortir innocent de ces assemblées profanes où Dieu est déshonoré, où le démon préside, où la raison entraînée par les sens devient incapable d’éclairer et de conduire la volonté, où la concupiscence sans mord et sans frein, ne voit rien qui ne l’irrite, où la modestie et la retenue devient un vice, ô combien de fois dans la suite ces réjouissances séculières ont-elles été changées en deuil par les événements les plus tragiques que produit le transport furieux de la jalousie.