Le pape Innocent XI a organisé lui-même des théâtres ; nous en comptons huit à Rome où l’on rencontre journellement des ecclésiastiques, des moines et des évêques.
Le massacre des innocents ; on y voit le roi Hérode ordonner de faire mourir les enfants de la Judée, qui sont tous masqués avec une têtière et une chemise de toile écrue qui leur tombe jusqu’aux talons. […] A Chalon-sur-Saône, selon le Père Perry, jésuite, la veille du jour des innocents, les enfants de chœur élisaient parmi eux un évêque, et lui rendaient, autant qu’il en pouvait être capable, les honneurs et les respects qui sont dus à un véritable évêque. […] Le missel est terminé par trois épîtres, pour les fêtes de Saint Etienne, des Innocents et de Saint Jean ; l’une d’elles commence par ces mots : Ut queant laxis resonare fibris, etc., dont J. […] A Viviers on célébrait encore la fête des fous avec des impiétés et des extravagances qui ne le cédaient en rien aux descriptions qu’on vient de lire ; mais ce diocèse avait de plus la cérémonie de la fête des Saints Innocents, qui était une des plus scandaleuses du temps.
Ainsi, soit que le Spectacle ne cause qu’un trouble & une émotion passagere qui paroît d’abord innocente, soit qu’il excite ou qu’il rappelle des passions plus durables que l’action & le langage de la Tragédie authorisent & justifient ; c’est sans doute dans ces deux effets que consiste principalement le grand plaisir que les hommes y prennent. […] La Musique excite & attache notre attention comme la Poësie, par une espéce de langue qui lui est particuliere, & qui ne nous parle que par les rapports des sons : elle nous affecte encore plus que la Poësie, même par la douceur du nombre & de l’harmonie, qui n’a tant de charmes pour nous que parce qu’en ébranlant avec une justesse & une convenance parfaite les cordes de cet instrument naturel qui y répond dans nos oreilles, elle cause dans notre ame une émotion aussi douce qu’agréable ; elle frappe, pour ainsi dire, les ressorts de toutes les passions par des accords qui les excitent ou les rappellent : elle les justifie aussi en un sens & les authorise comme la Poësie dramatique, par la douceur qui est attachée aux dispositions qu’elle inspire dans l’ame, qui en s’y livrant a de la peine à croire que ce qui lui paroît si innocent & qui est si agréable, puisse jamais lui être funeste, ni qu’un plaisir dont elle fait son bonheur actuel, soit capable de la rendre moins parfaite. […] Le Privilége pour l’impression d’Esther fut accordé en 1689 aux Dames de Saint-Cyr, avec défenses à touts Acteurs de la représenter, l’Auteur ayant supplié le Roi d’y insérer cette condition, parce qu’il falloit des personnes innocentes pour chanter les malheurs de Sion , comme dit Mad. de Sevigné, Lettre 533, Mem. sur la vie de J.
Nous avions accorde ces jeux, dit l’Ordonnance Impériale1, comme une récréation qui nous paroissoit innocente, de peur que leur suppression ne causât de la tristesse ; mais ayant reconnu que le scandale y regne encore, & qu’il n’est guères possible de les purifier entierement, nous dérogeons à la concession précédente, & voulons qu’ils soient interdits pour toujours.