Ce n’est point une tolérance théologique, qui laisse sur des opinions incertaines la liberté de penser, la saine morale fut toujours bien décidée sur la grieveté de ce péché ; ni une tolérance ecclésiastique de discipline, qui ne proscrit point des actions qu’elle regarde comme peu importantes, les censures de l’Eglise, la privation des sacremens subsistent toujours ; ce n’est pas même une tolérance civile légale, les loix qui couvrent les Comédiens d’infamie ne sont pas révoquées ; ce n’est pas non plus une tolérance populaire, puisque malgré toute la ferveur, le goût, l’ivresse de ses amateurs, il n’est personne qui ne convienne du danger du théatre & de son opposition à l’esprit & aux règles d’une véritable piété ; ce n’est qu’une tolérance politique, qui croit avoir des raisons d’Etat de laisser subsister certains maux fi invétérés qu’il seroit impossible de les corriger, & dangereux de l’entreprendre, parce qu’il vaut mieux supporter un moindre mal pour en éviter un plus grand.
Qu’on lise Justelipse, Bullinger, & tous ceux qui en ont écrit ; peut-on voir plus d’infamie que dans les spectacles que les Grands donnoient au peuple ?
Ce qui fait que l’employ de ceux qui les representent, a toûjours été flétri de quelque marque d’infamie par toutes les loys, comme n’étant propre qu’a corrompre les mœurs.
Mais enfin, ces graces s’accordoient rarement : & hors les droits naturels que les enfans ont à la gloire du pere, je trouverois qu’il y auroit plus d’infamie que de satisfaction, à paroistre par faveur dans un rang où le seul merite peut nous placer glorieusement.