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172. (1731) Discours sur la comédie « PREMIER DISCOURS SUR LA LETTRE DU THEOLOGIEN DEFENSEUR DE LA COMEDIE » pp. 2-32

4°, Que comme le péché que commettraient les Ecclésiastiques en allant à la Comédie serait un péché de scandale qui les rendrait responsables de plusieurs autres péchés, où tomberaient ceux qui auraient cru pouvoir suivre leur exemple ; de même aussi les Laïques qui font profession de piété, et à qui la Comédie ne ferait aucune mauvaise impression ne laisseraient pas d’offenser Dieu, et d’être coupables de bien des péchés, parce que plusieurs esprits faibles pour qui la Comédie est un poison mortel ne se déterminent quelquefois à y aller, qu’à cause qu’on y voit aller des personnes qui passent pour pieuses. […] nous l’apprendra dans le beau portrait qu’il a fait de l’Opéra, où il montre aux maris d’une manière également vive et naturelle l’impression que peuvent faire les spectacles dans l’esprit et dans le cœur de leurs Epouses, quelque pieuses qu’elles soient : « Par toi-même bientôt conduite à l’Opéra Satire X.

173. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Les impressions vives et touchantes dont nous prenons l’habitude et qui reviennent si souvent, sont-elles bien propres à modérer nos sentiments au besoin ? […] Quand il serait vrai qu’on ne peint au Théâtre que des passions légitimes, s’ensuit-il de là que les impressions en sont plus faibles, que les effets en sont moins dangereux ? […] Tant il est vrai que les tableaux de l’amour font toujours plus d’impression que les maximes de la sagesse, et que l’effet d’une Tragédie est tout à fait indépendant de celui du dénouement ! […] Je dis que c’est en parler de mauvaise foi, ou sans le connaître, de vouloir en rectifier les impressions par d’autres impressions étrangères qui ne les accompagnent point jusqu’au cœur, ou que le cœur en a bientôt séparées ; impressions qui même en déguisent les dangers, et donnent à ce sentiment trompeur un nouvel attrait par lequel il perd ceux qui s’y livrent. […] [NDA] Je me souviens d’avoir été frappé dans mon enfance d’un spectacle assez simple, et dont pourtant l’impression m’est toujours restée, malgré le temps et la diversité des objets.

174. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

On a beau dire que c'est le développement de son cœur par gradation, qui en montre les divers jours, et en fait suivre, saisir les plus légères impressions. Et c'est là le mal qu'elle ose réveiller, suivre, saisir et faire saisir ces jours et ces impressions scandaleuses ; c'est là l'absurdité qu'au moment où les poumons ne peuvent plus que pousser le râle de la mort, on fasse pendant demi heure disséquer son cœur et détailler sa vie à une femme qui se meurt. […] peut-on plus grossièrement manquer le but même de la tragédie, qui consiste 1.°   à montrer les héros estimables par la grandeur d'âme et les victoires qu'ils savent remporter sur leurs faiblesses ; 2.°   à renvoyer les spectateurs avec le goût, l'amour, l'impression de la vertu et la haine du vice.

175. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE V. » pp. 82-97

« Tous ces grands divertissemens sont dangereux, dit M. de la Rochefoucault, on sort du Spectacle le cœur si rempli de toutes les douceurs de l’amour, & l’esprit si persuadé de son innocence, qu’on est tout préparé à recevoir ses premieres impressions, ou plutôt à chercher les occasions de les faire naître dans le cœur de quelqu’un, pour recevoir les mêmes plaisirs, & les mêmes sacrifices que l’on a vû si bien représentés sur le Théâtre.

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