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268. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

ce grand Empereur des Turcs, qui semblait avoir une âme de fer et d’acier, et n’être fait que pour la guerre, se voulait mal de n’être pas bien affable aux occasions, et reconnaissant que les affaires le rendaient plus chagrin, qu’il n’était bienséant à un Prince qui avait un petit monde à gouverner, mangeait souvent quelques grains d’une herbe qui est assez commune parmi les Turcs qu’ils appellent Nepenthéb, pour polir son humeur barbaresque, et lui donner de la complaisance : On dit que cette herbe a la vertu d’effacer pour un temps de l’esprit les images des choses fâcheuses, et de ne laisser rien dans notre âme que ce qui la peut réjouir : il en usait une ou deux fois le jour, mais particulièrement lorsqu’il avait à recevoir des Ambassadeurs, ou à se trouver dans le Conseil. […] On pourrait comparer la bonté physique, à une statue qui se jette en fonte par un maître ouvrier, dont la main est si assurée, qu’elle ne manque jamais son coup, et la bonté morale à une peinture, où on ne touche qu’avec crainte et du bout d’un pinceau, trait à trait, couleur sur couleur ; tantôt du blanc, tantôt du noir, et après tout quelque beau qu’en soit le crayon, une ombre mal appliquée, un jour mal pris, une ligne hors d’œuvre fera une image que les bons maîtres ne voudront pas regarder. […] De plus c’est abuser du nom de divertissement de le vouloir prendre avec péché, tant s’en faut qu’il ait été institué pour y prendre un plaisir criminel, qu’il n’est proprement que pour rasséréner nos esprits, et les tirer du trouble des occupations pressantes qui leur donnent la gêne ; le contraire arrive aux libertins, au lieu de trouver quelque calme dans leurs recréations honteuses, ils n’en rapportent que du chagrin et de l’inquiétude dans leurs maisons ; ils y retournent comme des demi-désespérés à qui tout déplaît, et qui portent déjà une partie de leur Enfer avec eux ; on les voit le lendemain de leurs désordres entrepris, songeards, hébétés : Le souvenir du précédent, et les images de leurs folies qui leur semblaient si belles, ne se présentent à eux que comme des furies qui les veulent déchirer. […] Tes rigueurs envers moi montrent bien que tu es sans pitié : Je t’ai tant prié et si inutilement, que tu n’auras plus un mot de moi, et là-dessus prend son poignard et en frappe les deux Images de Notre-Dame et de saint Albert. […] N’est-ce pas en quelque façon renoncer à Dieu de nous voiler la face où reluit son image pour prendre la figure d’un Lutin ?

269. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

Votre Altesse en a reçu de si belles instructions, qu’elle est persuadée que l’homme n’a point été créé à l’image et ressemblance de Dieu, pour se plaire à des jeux qui ne servent qu’à effacer ces traits divins, par les mauvaises impressions que l’on y reçoit. […] Je ne décrirai point aussi le cours de son enfance, parce que les grandes actions qu’il a faites dans la maturité de son âge, ne me permettent pas de m’arrêter à des choses qui n’en sont que les images : « Lusus puerorum simulacrum est negotii majoris. […] Y a-t-il de plus grande folie que de se déguiser en bête, et de se rendre semblable à une chèvre ou à un cerf ; afin que l’homme qui a été formé à l’image et à la ressemblance de Dieu, devienne le sacrifice et la victime du démon ? […] N’ont-ils pas effacé en eux-mêmes l’image de Dieu ? […] Vous vous trompez qui que vous soyez : ce ne sont point des jeux, ce sont des crimes… Celui qui se déguise en Idole, ne veut point porter l’image de Dieu.

270. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Mais si ces deux inconciliables ennemis ne peuvent faire de conquête qu’aux dépens l’un de l’autre ; si leur gloire simultanée est un monstre dans l’ordre des choses possibles ; que deviendra, à moins d’une révolution imprévue et subite, cette religion antique qui a couvert le globe de ses branches et de ses fruits, qu’un philosophe, qui ne l’aimoit pas, a nommée le foyer de toutes les vertus, la philosophie de tous les âges, la base des mœurs publiques ; le ressort le plus puissant qui soit dans la main des législateurs, plus fort que l’intérêt, plus universel que l’honneur, plus actif que l’amour de la patrie ; le garant le plus sûr que les rois puissent avoir de la fidélité de leurs peuples et les peuples de la justice de leurs rois ; la consolation des malheureux, le pacte de Dieu avec les hommes, et pour employer une image d’Homère, la chaîne d’or qui suspend la terre au trône de l’éternel.

271. (1700) IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, etc. [Sermons sur tous les sujets de la morale chrétienne. Cinquiéme partie] « IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, &c. » pp. 95-126

Les images qu’elle en a si souvent devant les yeux, ne se representent-elles pas à son esprit, à la moindre application qu’elle voudra faire aux choses de son salut ?

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