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46. (1687) Instruction chrétienne pour l’éducation des filles « CHAPITRE XIII. Des jeux, des spectacles, et des bals, qui sont défendus aux Filles Chrétiennes. » pp. 274-320

Ce sage et prudent politique, dont les vives lumières perçaient jusques dans l’avenir, n’en a pas pour cela retranché tout ce qui peut encore choquer la pudeur, et blesser la chasteté des honnêtes femmes. […] La danse chez les Romains n’était pas permise aux honnêtes gens ; c’est pourquoi Salluste reproche à Sempronia Dame Romaine, d’avoir trop bien dansé pour une honnête femmee ; et Cicéron dans l’Oraison pro Murena, dit que la danse est une espèce d’ivresse défendue aux personnes qui font profession de vertuf. […] Dites-moi, tout cela est-il honnête ? […] Il y a néanmoins d’honnêtes divertissements, qui sont permis, et que l’on peut prendre sans crime ; et il y a, dit l’Apôtre aux Philippiens, une sainte joie, qui est selon Dieu. Réjouissez-vous, mais réjouissez-vous dans le Seigneur, c’est-à-dire, selon son Esprit, et il est bon de se relâcher quelquefois l’esprit et le corps par des récréations honnêtes et innocentes.

47. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « II. PARTIE. Où l’on répond aux Objections de l’Auteur de la Lettre. » pp. 89-140

Les Pères de l’Eglise latine n’ont pas cru aussi que les Comédies fussent bonnes, honnêtes, et licites. […] Plus la Comédie semble honnête, plus je la tiens criminelle ; parce que le plaisir fait entrer insensiblement toutes les choses du monde dans notre esprit. […] Qu’il ne s’y doit rien faire ni dire dans les entractes qui ne soit honnête et bienséant ; et même qui ne soit toujours Latin. […] Voulant dire, qu’une honnête femme et des enfants ne sont que trop suffisants pour donner à un homme raisonnable toute la récréation dont il peut avoir besoin. On peut ajouter à ces sortes de divertissements des conversations honnêtes et édifiantes à des yeux innocents, qui ne servent qu’à se lasser l’esprit.

48. (1698) Caractères tirés de l’Ecriture sainte « [Chapitre 1] — DU SEXE DEVOT. » pp. 138-158

Outre que bien des maris soupçonneux, emportés, et brutaux diffameraient de jeunes femmes sages et honnêtes, par une fausse accusation ; au hasard des peines portées contre eux par la même loi ; et qui n’allaient qu’à perdre le droit de pouvoir répudier leur femme, et à payer une amende pécuniaire à ses parents. […] L’on sait tant de mariages faits avant le Sacrement ; tant d’enfants trouvés, et maintenant, commence-t-on à dire retrouvés, pour en faire l’amusement du père ou de la mère ; tant de nourrices qui n’ont reçu leurs nourrissons que par la voie secrète d’une manière de fidei-commisb ; tant de femmes, qui pour se décharger d’un censeur incommode, perdent un bon et honnête mari. […] Hé bien, Agathon, le procès est suffisamment instruit : Recueillez les voix, jugez, prononcez, sans avoir égard à un petit nombre d’honnêtes, et véritables dévotes que j’excepte.

49. (1675) Traité de la dévotion « Chapitre III. De la trop grande sensibilité aux plaisirs de la terre ; troisième source de l’indévotion. » pp. 58-65

Cela me fait souvenir d’un mot de Cicéron, qui dit, qu’il n’est pas honnête d’exercer par un jeu d’esprit sa Philosophie et sa Rhétorique contre les Dieux, en combattant ou leur existence ou leur providence, sans être Athée. […] J’en dis de même de la vertu : il n’est pas honnête de se plaire à la voir ou jouée ou outragée sur un théâtre : Mais sans tout cela, ces spectacles sont absolument incompatibles avec la dévotion, parce qu’ils remplissent l’âme de vaines passions, et nous avons besoin d’une âme libre.

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