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87. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Troisieme suite du Fard. » pp. 171-194

La tête des hommes a fourni les deux premiers tomes, on en promet cinq ou six pour la tête des femmes ; ce n’est pas trop. […] Elle n’est guere moins certaine, pourquoi vouloir si fort plaire aux hommes. […] Si on ne veut plaire qu’aux hommes, on est plus à plaindre encore, puisqu’on déplait à Dieu, & qu’en perdant la grace on perd tout pour l’éternité ; même les hommes à qui on avoit eu le malheur de plaire. […] Il semble que les Payens, par superstition, y avoient attaché une espece de talisman, pour le faire aimer des hommes, ce qui seront encore plus criminel. Mais dans le fond, les femmes y attachent des agrémens, qui sont une espece de talisman, pour plaire aux hommes.

88. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Je m’en rapporte à tout homme de bonne foi : les mœurs de la nation sont-elles réformées depuis Moliere ? […] Laurens, pour trouver un homme sanctifié par Moliere. […] Il disoit assez naïvement : La nature a prodigué d’excellens hommes dans tous les genres ; il n’y a eu sur la terre que deux grands hommes, Roscius & moi. […] M. de Chamfort se tire de ce mauvais pas en homme sage & en Gascon. […]  3. dit : Malheur à la nation insensée qui place à coté des grands hommes, de l’homme utile à sa patrie, celui qui ne contribue qu’au plaisir frivole, Comédiens, Danseurs, Moliere, &c.

89. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE X. Des six parties de la Tragédie, suivant Aristote. Examen de ces six parties dans Athalie. » pp. 260-315

Comme toute action suppose des hommes qui agissent, & arrive souvent parce que ces hommes ont telles mœurs, telles inclinations, tels caracteres, ces Mœurs sont la seconde Partie : les hommes agissent parce qu’ils sont dans une telle disposition d’esprit, dans un tel sentiment. […] Un tel caractere dont le modele ne se trouve ni chez les Anciens, ni dans la Nature ordinaire, n’a pu être créé que par un homme né très-grand Poëte & très-honnête homme. […] des hommes emportés par les Passions, peuvent-ils en parlant compter leurs syllabes, & les placer dans l’ordre que demande une certaine mesure ? […] Comment peut penser ainsi un homme qui s’établit juge de la Poësie ? […] Les Peuples du Nord en comparaison de ceux de l’Orient, y sont insensibles, & nous trouvons souvent parmi nous des hommes qu’elle ne touche point.

90. (1698) Caractères tirés de l’Ecriture sainte « [Chapitre 1] — DU SEXE DEVOT. » pp. 138-158

Je vous en dirai ma pensée tout simplement, Agathon : C’est que jamais aucune autre Religion ne fut si favorable aux femmes que la Chrétienne ; et qu’elle l’est encore beaucoup plus aux femmes, qu’aux hommes. […] Un troisième bienfait est l’affranchissement du droit que les hommes s’étaient acquis par une condescendance de la loi à la dureté de leur cœur, s’étaient, dis-je, acquis, de se défaire d’une femme avec un morceau de papier : L’Évangile l’appelle le Libelle de répudiation ; et il a entièrement aboli ce droit, en assujettissant les hommes à l’indissolubilité du mariage, comme ils y avaient toujours tenu les femmes assujetties. […] Les femmes de notre siècle ne jouissent-elles point de la bonne réputation, que celles des siècles précédents ont acquise à leur Sexe ; comme de certains sots, qui se croient être de grands hommes par la gloire de leurs ancêtres ? […] Faire tourner la tête à un homme par le charme de l’amour, ç’a été de tout temps l’art trop naturel des femmes, qui ont même quelquefois ce malheur contre leurs propres intentions ; mais qu’elles entreprennent de lui brouiller la cervelle le verre à la main ; je ne l’avais pas ouï dire depuis le bon homme Loth qui y fut vilainement attrapéd : moins coupable cependant en un sens, que ne sont ceux qui feignent de l’être pour se divertir des mauvaises suites. […] La complaisance respectueuse que les hommes ont pour le Sexe, non seulement par un instinct naturel, mais encore par un usage particulier à notre nation, me répondrait du succès, au moins à l’égard de toute l’honnêteté extérieure : Et quand elle serait une fois rétablie, le cœur se rappellerait insensiblement à l’amour, et aux lois exactes de la pudeur.

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