Il faisoit leur toilette, les peignoit, les paroit de sa main, décidoit du goût & de la mode de leur parure, n’épargnoit rien pour leur procurer des meubles, des habits, des colifichets magnifiques. […] Ils mettent, pour ainsi dire, nuit & jour leur esprit dans le pressoir pour en exprimer, l’un en pensées, en sentimens, en rimes, en scènes, en actes, l’autre en habits, en coiffures, en couleur, en attitudes, tout ce qui peut réjouir le spectateur. […] Il est vrai qu’en revanche pendant leur printemps la vogue est brillante & les profits honnêtes, & qu’elles n’ont pas besoin de l’embarrassant appareil des habits & des décorations ; un héros leur suffit pour jouer la piece entiere. […] Elles y réussiroient ; la nécessité de paroître au grand jour, sous toute sorte d’habits, assortis à leurs divers rôles, les oblige de chercher, d’essayer dans chacun ce qui peut plaire davantage. […] Heureux, dit l’Apocalyse, qui garde avec soin ses habits, pour n’avoir pas la confusion de montrer sa nudité : Beatus qui vigilat, custodit vestimenta sua, ne nudus ambulet.
Telles sont les lois qui défendent les spectacles les jours de dimanche, qui interdisent aux Comédiens les habits ecclésiastiques ou religieux, et même les habits et les parures trop riches, qui ordonnent d’ôter des lieux publics leurs portraits, qui donnent à toutes les personnes attachées au théâtre la liberté de se retirer quand elles veulent se convertir, et défendent d’administrer les derniers sacrements aux Comédiens qu’après un sérieux examen et des preuves bien certaines de leur conversion, constatées par l’information des Juges et l’approbation des Evêques. […] Elle répondit courageusement au tyran qui voulait la séduire : J’ai un époux à qui je garde fidèlement la foi que je lui ai donnée, j’ai reçu de sa main les plus riches habits des vertus, les plus magnifiques parures de la modestie ; il a ceint ma tête d’une couronne immortelle, il m’a couverte des pierres précieuses de sa grâce, son sang adorable est le vermillon qui pare mes joues ; en l’aimant je deviens plus chaste, ses caresses me rendent plus pure, quand je m’unis à lui il embellit ma virginité. […] Elle vous aborde d’un air engageant avec des discours pleins de douceur, et d’un ton de voix flatteur et insinuant, les cœurs des jeunes gens volent après elle, « facient juneaum avolare corda » ; méprisable par son immodestie, « pudore vilis », couverte de riches habits, les joues peintes de rouge, « genis picta » ; comme elle ne saurait avoir les grâces naïves de la nature, elle s’efforce, en se fardant, d’étaler une beauté empruntée, « aduiterinis fucis affectatæ pulchritudinis lenocinatur species ».
C’est par ce Passage d’un Ecrivain si grave, qu’on croit découvrir l’origine d’un Acteur, qui portant le nom bizarre d’Arlequin, est couvert d’un habit qui n’a aucun rapport à l’habit d’aucune Nation, & est un mélange de morceaux de drap, de différentes couleurs, coupés en triangles ; Baladin qui porte un petit chapeau sur une tête rasée, un masque dont le nez est écrasé, &, comme le Planipes des Romains, a des souliers sans talons ; Acteur principal d’un Spectacle dont le langage est aussi bigarré que son habit, puisque les Acteurs y doivent parler différens idiomes, le Vénitien, le Boulonnois, le Bergamasche, le Florentin ; Mime dans son jeu comme dans son habit, puisque le Mime (comme on le voit dans un Passage d’Apulée) étoit vétu centuncuculo d’un habit de piéces & de morceaux, Personnage qui est toujours prêt à recevoir des soufflets, suivant un Passage du Traité de Tertulien sur les Spectacles, faciem suam contumeliis alaparum objicit.
Celui de l’Empereur étoit de cent cinquante Dames, qu’on fit tirer au sort, pour savoir de quel habit & de quelle parure elles seroient ornées. […] Cet homme étoit aussi singulier que son spectacle, bouffon, facétieux, toujours le mot pour rire, portant un habit d’Arlequin. […] Elle avoit pris l’habit, & fort avancé son noviciat. […] On n’y voit point de masques ; mais comme dans la Sarmarie on n’y regarde pas de si près, on y voit des Magistrats, des Ecclésiastiques, jusqu’à des Evêques, avec des habits qui valent bien des masques. […] Le luxe, la bisarrerie des habits & de la parure dans des hommes de ce caractere est aussi scandaleux que la mascarade.