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17. (1684) Epître sur la condemnation du théâtre pp. 3-8

Où, pour toucher d’exemple, et suborner un cœur, Par les yeux d’une femme on enchaîne un vainqueur : Où l’on fait aux héros un devoir ridicule De se soumettre au Dieu qui fait filer Hercule. Aux païens, il est vrai, l’on pardonne aisément Qu’un héros courageux devienne un lâche amant. […] Tes héros ne sont pas de ces audacieux Qui ravagent la terre, et menacent les cieux. […] Ou, s’il est à pleurer certaine volupté, Pleurons des saints héros la mort, l’adversité.

18. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « IV. S’il est vrai que la représentation des passions agréables ne les excite que par accident.  » pp. 10-18

Ainsi tout le dessein d’un poète, toute la fin de son travail, c’est qu’on soit comme son Héros épris des belles personnes, qu’on les serve comme des divinités ; en un mot qu’on leur sacrifie tout, si ce n’est peut-être la gloire, dont l’amour est plus dangereux que celui de la beauté même. […] Je le veux : mais il y paraît comme une belle, comme une noble faiblesse, comme la faiblesse des héros et des héroïnes ; enfin comme une faiblesse si artificieusement changée en vertu, qu’on l’admire, qu’on lui applaudit sur tous les théâtres, et qu’elle doit faire une partie si essentielle des plaisirs publics, qu’on ne peut souffrir de spectacle où non seulement elle ne soit, mais encore où elle ne règne et n’anime toute l’action. […] Elle le verra, non plus dans les hommes à qui le monde permet tout, mais dans une fille qu’on montre comme modeste, comme pudique, comme vertueuse ; en un mot dans une héroïne : et cet aveu dont on rougit dans le secret, est jugé digne d’être révélé au public, et d’emporter comme une nouvelle merveille l’applaudissement de tout le théâtre.

19. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XIII. » pp. 62-65

La Charité qui doit faire le quatrième trait du caractère du Héros, n’a rien qui la fasse reconnaître sous le Symbole d’Esculape, si fameux, dites-vous, pour ses guérisons merveilleuses. […] Il est donc clair que la conduite que vous faites tenir à votre Héros en qualité d’Esculape ne montre point qu’il s’appliquera à la guérison des âmes malades, mais au plus à celle des corps. […] D’où vient donc que votre Héros ne veut point entreprendre de guérir les vices de l’âme ?

20. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Mais cela ne veut pas dire qu’on ne puisse mettre sur le Théâtre un héros Chrétien. […] Pourquoi donc ne pourrions-nous pas en faire les Héros de nos Tragédies ? […] Cette passion a je ne sais quoi qui sied mal à un Héros du Christianisme, et ce serait sans doute un exemple trop dangereux pour les Spectateurs. […] Pouvez-vous vous empêcher de rire quand vous voyez des Patriarches de l’ancien Testament, ou des Saints Pères du nouveau, servir de Héros à une Tragédie ? […] J’avais commencé à vous dire que les Héros Chrétiens pouvaient plaire sur le Théâtre, et je voulais, ce me semble, vous le prouver par quelques exemples ; je ne vous en dirai que deux ou trois.

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