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73. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre I. Que les Spectacles des Anciens ont fait partie de la Religion Païenne. » pp. 2-35

des Jeux à Jupiter Roi, pour lui rendre grâces de la victoire de Leuctre ; et les Jeux Éleuthériens furent faits en la Ville de Platée pour remercier les Dieux de la grande bataille que les Grecs y gagnèrent contre les Perses. […] Et cette prophétie ayant été bien examinée par le Sénat et par les Prêtres, on ordonna douze mille écus au Préteur pour en faire la dépense, et aux Prêtres d'y garder toutes les saintes cérémonies des Grecs. […] Il ajoute que tous les combats des Grecs, soit pour l'exercice de chanter et jouer des instruments, soit pour éprouver la force du corps, n'ont point d'autres chefs que les Démons, et que tout ce qui plaît aux yeux, ou qui flatte les oreilles au Théâtre, n'a point d'autre sujet que le respect qu'ils ont voulu rendre à quelques fausses Divinités, ou à des morts.

74. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre II. L’Exposition, le Nœud & le Dénouement. » pp. 183-210

Euripide est de tous les Auteurs Grecs celui qui la négligea d’avantage. […] Les Prologues de la plus-part de leurs Drames Comiques ne sont point une Exposition, ainsi qu’ils l’étaient quelquefois chez les Grecs ; mais une réponse à quelques critiques faites contre l’Auteur, & une prière aux Spectateurs de vouloir bien écouter en silence : On aurait besoin d’employer souvent un pareil moyen dans presque tous les Théâtres de Province. […] Nous avons rendu l’exposition beaucoup plus difficile qu’elle n’était chez les Grecs & les Latins. […] S’il a des Pièces sans nœud, ce mot pris à la rigueur du terme, il en a tant d’autres où les préceptes du Philosophe Grec sont suivis, qu’on ne peut accuser ses Poètes d’y manquer par faiblesse ou par ignorance ; mais j’ai observé plus haut que ces Pièces dont l’action est un peu relevée ne sont nullement dans son genre.

75. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40

Le détail des obscénités grecques ne finit point dans les livres de Pausanias, & les obscénités romaines remplissent dix ou douze volumes de l’antiquité des tems du P. […] Elle fut placée sur une colonne dans le Temple de Diane, d’Ephese, à la vue de cette image scandaleuse, Crates le critique disoit, on voit dans le Temple de Diane une offrande des vices, & de l’intempérance des Grecs, c’est une prostitution de l’art. […] On sait, dit-il, que parmi les Grecs il régnoit un amour que la nature désavoue & qui nuit à la population, ajoutons que Dieu punit par le feu du Ciel. […] C’est ce qui mettoit les courtisannes tant en honneur dans les villes Grecques, honneur bien assorti à leur Réligion & à leurs mœurs. […] Toute la théologie fabuleuse des Grecs & des Romains, ou plutôt du vice qu’Ovide a tracée dans ses innombrables, & la plupart aussi extravagantes qu’insensées métamorphoses eusent fait ordinairement la décoration des appartements & des jardins, comme du théatre.

76. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Le Théâtre qui avait été enseveli sous les ruines d’Athènes et de Rome, s’est relevé de notre siècle avec beaucoup d’éclat ; si l’on donnait les mêmes récompenses à nos Poètes, que donnaient les Grecs et les Romains à ceux qui excellaient en ce genre d’écrire, nous en aurions eu sans doute un plus grand nombre ; mais ce travail immense est trop mal récompensé, et ne conduit plus comme autrefois, aux honneurs suprêmes, ni aux premières dignités de l’Etat. […] La Tragédie tire son nom de deux mots Grecs, qui signifient Bouc, et Chanson, parce que l’on donnait un Bouc pour récompense au Poète, qui avait réussi, et qui avait bien diverti le peuple par ses chants. Les Grecs qui étaient un peuple voluptueux et oisif, passaient toute la journée à entendre des Vers et des Harangues ; les Cordonniers, les Forgerons, les Tailleurs, les Maçons, ceux qui exerçaient les métiers les plus vils, confondus avec ceux qui remplissaient les premières Charges de la République, décidaient au Sénat et à l’Amphithéâtre, de l’esprit et du mérite des Orateurs et des Poètes, et faisaient valoir par leurs suffrages, ou décréditaient une Harangue, ou une Comédie. J’avais oublié, Madame, à vous expliquer ce terme dont vous m’avez demandé la définition ; il vient de deux mots Grecs, qui signifient Village, et Chanson, parce que les faiseurs de Comédies allaient réciter leurs Vers par les campagnes : Dans ces temps grossiers les premiers Comédiens se barbouillaient le visage avec de la lie ; le Poète Eschyle inventa le masque, qui avait quelque chose de plus honnête, et de plus commode. […] Les Grecs qui aimaient à se lamenter, étaient bien aises de voir, sur leur Théâtre, des personnes malheureuses pour compatir à leur douleur, et pour donner des larmes à leurs infortunes.

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