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218. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

Une chose est agréable, ou le paraît ; et parce qu’elle est agréable, on l’aime ; et parce qu’on l’aime, on se figure qu’elle est bonne ; et à force de se le figurer, on s’en fait une espèce de conviction, en vertu de laquelle on agit au préjudice de la conscience et malgré les plus pures lumières de la grâce : or appliquons cette maxime générale aux points particuliers, surtout à celui que je traite. […] Et comme en matiere de salut tout est personnel, et que la bonté ou la malice de nos actions n’est prise que par le rapport qu’elles ont à nous ; quand il s’agit de m’accorder un divertissement ou de m’en priver, l’idée générale qu’on en a ne suffit pas pour former ma résolution ; mais si j’y reconnois quelque endroit par où il me puisse être nuisible, je dois dès-lors le rejetter et m’en éloigner : Abscide eum, et projice abs te.

219. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

Quoique ce Poète n’ait point écrit de Comédies, nous pouvons néanmoins l’admettre pour Juge au regard de l’usage et de l’opinion générale de son siècle touchant le Sacerdoce. […] Au septième de l’Æneïde, Virgile nous donne comme une liste des Princes et Officiers généraux qui vinrent au secours de Turnus, et il dit entre autres :  « Quin et Marrubia venit de gente Sacerdos Archippi Regis missu fortissimus Vmbro. » Le Poète loue ce Prêtre et pour son courage, et pour ses belles connaissances : Umbro avait le secret de calmer les passions, et d’empêcher les effets du poison par le moyen des plantes dont il connaissait parfaitement la vertu : sa mort laissa de grands regrets à sa patrie qui lui fit de pompeuses funérailles.

220. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Telle fut la source où puisèrent les Tragiques Grecs ; & tel est aussi le moyen de rendre la Tragédie d’une utilité aussi générale pour une Nation, que la bonne Comédie. […] On vit donc sur le Théâtre d’Athênes des Généraux d’armées, c’est-à-dire, des hommes égaux aux Rois, & des Citoyens distingués par leurs talens & leur vertu. […] Il arrive de-là que l’attention à former la jeunesse, à l’assouplir par les Exercices agréables, n’est pas assez générale. […] Les Répétitions générales auront lieu tous les jours, le matin, avec la retenue recommandée pour les Représentations. […] Rousseau dit un instant après : « Une émotion passagère & vaine, ne dure pas plus que l’illusion qui l’a produite. » Et plus bas en note : « Plusieurs s’abstiennent d’aller à la Tragédie, parce qu’ils en sont émus, au point d’en être incommodés. » Ces gens-là sont rares, très-rares ; ceux dont il est question dans le texte, très-communs, puisqu’ils forment le général ; & tant-pis !

221. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

Il ne fut plus permis que de faire la satyre générale de la vie & des mœurs ; & ce fut ce qu’on appella la Comédie nouvelle, où Aphile & Menandre furent célebres. […] Mais, à mesure que l’oubli de Dieu devint plus général, & que les ténebres épaisses qui en résulterent eurent donné lieu à toutes les fables monstrueuses de l’idolâtrie, la Poésie ne s’occupa plus qu’à remuer les passions qui sont ennemies de la sagesse ; & elle fut abaissée jusqu’à servir à amuser des esprits frivoles, & à réveiller l’assoupissement des Midas désœuvrés. […] Ce mauvais naturel ne fit que le rendre plus propre à suivre la loi générale du genre comique, qui exige que le Poëte se conforme à l’inclination dominante du Peuple.

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