n’est-ce pas encore un badinage fort heureux, que le projet de rendre les vers de Racine, sans parler, uniquement par le moyen des doigts ? […] un Empirique arrive et se fait fort de les rendre à la vie, pourvu que le public déclare qu’il est content d’eux. […] On a prétendu justifier par ce raisonnement, le théâtre en général, mais le métier de Comédien inférieur a cet inconvénient particulier, que les émolumens, à quelques exceptions prés, y sont fort modiques. […] Quand même les appointemens seroient plus forts, ces spectacles n’en seroient pas moins, en eux-mêmes, contraires aux bonnes mœurs et par conséquent de trop dans l’état. […] Écoutez un propos fort en vogue parmi nos jeunes gens de la cour, et reconnoissez, à la noblesse du style et au fond même de l’adage, l’école où ces messieurs ont été s’instruire, presque tous les gens, disent-ils, qui sont arrivés à cinquante ans, ont oublié de se faire enterrer.
Si vous avez eu honte de recevoir ces sortes de personnes dans votre ville pour être vos concitoyens, à plus forte raison cette sainte Cité ne reçoit point ces sortes de Dieux: C'est pourquoi si vous désirez d'avoir part à la félicité de cette bienheureuse Cité, fuyez la compagnie des Démons. […] Combien est changé cet autre qui aimait et qui louait si fort ce chasseur, ou ce Comédien ? […] Celui qui a fait les choses fortes, est plus fort que tout ce qu'il y a de plus fort.
Dans la religion c'est la folie des esprits forts, dans les sciences, la vanité des demi-savants, dans le commerce de la vie, la hauteur et l'indépendance. […] L'étiquette du respect est entre eux fort bornée ; la qualité du rôle ne met point de distinction entre eux, c'est la manière de jouer : une soubrette vaut quelquefois mieux qu'un Monarque. […] La prédiction s'exécute si fort à la lettre, qu'on y voit tous les jours cette populace d'hommes déguisés en Faunes, Satyres, Nymphes, Sirènes, Naïades, Dryades, Hamadryades, etc. […] Quoique dans la traduction des Métamorphoses en rondeaux, il eût vingt fois employé ces mots, comme il ne savait guère que des mots, ainsi que la plupart de ses confrères Poètes, Benserade fut fort embarrassé, et pour ne pas demeurer court, ayant vu dans la même loge un Evêque et un Archevêque, il dit à la Princesse : « Il y a entre ces Divinités la même différence qu'entre les Evêques et les Archevêques.
Cette matiere a fort occupé les Auteurs de la fin du dernier siecle & ceux du commencement de celui-ci. […] Voy. aussi le P. le Brun, fort ennemi des Spectacles**. […] Il ne seroit point applaudi, mais il saisiroit ; il feroit répandre des larmes ; il ne laisseroit pas respirer ; il inspireroit l’amour des vertus & l’horreur des crimes ; (remarquez ce qui suit) il entreroit fort dans le dessein des meilleures loix ; la Religion même la plus pure n’en seroit point alarmée ; on n’en retrancheroit que de faux ornements qui blessent les regles du goût.