/ 523
154. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

Ce Clergé est si utile au public, il contribue si fort à la population. […] Il forme dans l'âme affaiblie une si forte habitude, il acquiert un si grand ascendant, qu'elle y est entraînée sans résistance. […] Mais ce n'est que pour les vaincre encore, que l'on agace ces ennemis vaincus, comme dans un jeu d'escrime, pour en devenir d'autant plus courageux et plus fort, qu'on sera mieux aguerri et qu'on aura cueilli plus de palmes. […] Les Pères de l'Eglise, sans être esprits forts, se soutiennent mieux ; ils n'ont jamais voulu accorder ni paix ni trève à la comédie. […] Ainsi resserre-t-on les chaînes que le péché ne rendait que trop fortes.

155. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-9

Mais on cite peu & on écrit encore moins celles qu’il a donne sur la morale qui doit y régner, & qui contribue si fort aux bonnes ou aux mauvaises mœurs. […] Nous n’avons plus des chœurs comme les anciens, cette lueur même momentanée est éclipsée ; nous avons seulement dans les opéras une sorte de chœur qui est fort peu soumis aux loix d’Horace. […] Je ne m’érige point en juge de leurs mœurs ; mais l’expérience ne fait pas leur apologie : ils sont fort heureux quand on peut au moins citer leur pénitence, comme celle de Racine, Quinault, Lafontaine.

156. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V bis. Le caractère de la plus grande partie des spectateurs force les auteurs dramatiques à composer licencieusement, et les acteurs à y conformer leur jeu. » pp. 76-85

Des oisifs de toute espèce, des paresseux de profession, dont l’unique affaire est de ne rien faire ; l’unique soin, celui de n’en point prendre ; l’unique occupation, celle de tromper leur ennui ; passant de la table aux cercles ou au jeu, et de là aux spectacles, pour y assister sans goût, sans discernement, sans fruit, fort satisfaits au reste d’avoir rempli le vide d’un temps qui leur pesait. […] « Se persuadera-t-on que de pareils spectateurs s’embarrassent fort si l’école des spectacles est régulière ou ne l’est pas ; ils n’y vont que pour s’amuser ou se délasser. […] Non seulement les auteurs dramatiques mettent des passions dans leurs pièces ; mais ils y mettent encore des passions fort vives et violentes ; car les affections communes ne peuvent procurer aux spectateurs le plaisir qu’ils y cherchent.

157. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Bossuet, lorsque Louis XIV, en revenant de la comédie, lui demandoit, en riant, s’il est permis d’y aller : Il y a de grands exemples pour, & de fortes raisons contre. […] Qu’a pu dire de plus fort le paganisme, pour flatter des princes qu’il mettoit au rang des dieux ? […] Le vice, toujours plus fort que la loi, a su se maintenir contr’elle, &, sans pouvoir jamais la fléchir, a rendu ses coups inutiles. […] Les premiers chrétiens l’avoient si fort en horreur, que l’éloignement du théâtre étoit une marque de christianisme reconnue dans les deux religions.

/ 523