Peu aprés il adiouste, la maladie de ceux-là est grãde & incurable qui espriz de fureur des superstitions, apaz & attraitz des ieux soubs ombre de sagesse folient, cela ne surpasse-il point toute folie quand ils enlaidissent & barboüillent la beauté du visage humain formé de la main de Dieu & perfectionné à merueilles ? […] luy attribuë : N’est-il pas vray que tout ce que l’on faict à ce iour est plain de vanité & de folie, quand les hommes formez de Dieu se transforment en pecores, ou en bestes sauuages, ou en monstres ?
Certes, l’histoire de sa création est fausse ; c’est de la côte de la femme qu’il fut formé. […] Tout bien examiné : les Poèmes d’Eschyle et de Sophocle sont formés sur le plan de la vertu ; ces deux Tragiques savent allier l’innocence au plaisir, et tendent par le concert de l’utile et de l’agréable, à la perfection des mœurs.
Mais les Gens de qualité avaient coutume de faire venir chez eux quelque habile Comédien, qui exerçait leurs enfants par des déclamations de Pièces choisies et propres à les former aux emplois auxquels on les destinait. […] Quoique l’on exempte d’infamie les jeunes gens que l’on fait déclamer dans les Collèges, on ne voudrait pas pour cela garantir de péché les Professeurs qui font représenter des Pièces avec un appareil qui ressent la vanité des Spectacles mondains ; où l’on fait paraître des garçons habillés en filles, ce qui est condamné par les Lois divines et humaines ; et où l’on fait danser des ballets souvent à grands frais, qui ne peuvent néanmoins jamais servir à former ni l’esprit ni les mœurs des Ecoliers. […] Quant au jugement qu’il porte en faveur de la Comédie, comme il nous avertit qu’il ne doit pas passer pour décisif, nous nous le tiendrons pour dit, et nous lui promettons de n’y avoir pas plus d’égard que de raison : écoutons cependant les trois moyens dont il s’est servi pour former ce jugement. […] Je ne conseillerais pas même cet Ami à qui il écrit, de trop déférer à ses maximes ; mais s’il désire sérieusement de savoir ce que l’on doit penser de ceux qui travaillent pour le Théâtre, il pourra l’apprendre de saint Cyprien, qui écrit à ce sujet une belle Lettre, et que l’on ne doute point être de lui, à l’Evêque Euchratius, qui l’avait consulté touchant la conduite qu’il devait tenir à l’égard d’un Comédien qui avait quitté le métier, mais qui ne laissait pas de dresser et de former des Acteurs pour le Théâtre.
Et pour dire quelque chose qui les fasche moins, je dis qu’ils ne figurent pas l’homme selon son âge, sa condition & son païs ; Ils le figurent à leur fantaisie, & forment vn animal plus ou moins parfait, selon l’humeur où ils sont.