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16. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE IV. Spectacles singuliers. » pp. 106-127

. ; tous les Architectes qui ont écrit pour en régler l’intérieur, l’extérieur, l’étendue ; la forme, la matiere, les ornemens, la distribution. […] Ce changement de situation a obligé le sieur Antoine a retoucher son plan pour l’ajuster aux nouveaux emplacemens ; il insinue qu’il lui donne la forme circulaire ; mais il déclare qu’il ne veut pas donner son secret, sur le détail des ornemens & des décorations ; c’est le propre des grands maîtres de garder pour eux le fin de l’art. […] Le premier ordre est Toscan, il régne dans toute l’étendue de la façade du palais, & forme la terrasse au devant de la Cour, dans laquelle on entre par trois portes également commodes, & remplies par des menuiseries enrichies de bronze & d’ornemens bien travaillés. […] La forme de la salle intérieure est arrondie, & son plafond un bel ovale, rempli par un tableau allégorique représentant les muses, les talens liriques, assemblée par le génie des arts sur un char enflammé ; qui fait fuir l’ignorance & l’envie. […] La Salle ou Bal est aussi toute prête une machine ingénieuse mettra le parterre au niveau du théatre, ce qui forme un salon octogone de 45 pieds de diamêtre, magnifiquement décoré de colomnes, de statues, de glaces, &c.

17. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « Préambule » pp. -

Fort de la pureté de mes intentions et de la certitude que mon opinion nouvelle, en cas d’erreur, et du reproche imminent d’avoir négligé ce précepte : Sumite materiam vestris qui scribitis æquam viribus , ne peut causer aucun mal, et pourrait encore, au contraire, donner quelques indications neuves et faire naître des idées utiles à d’autres écrivains plus exercés, qui considéreraient ce sujet sous de nouveaux points de vue ; j’aurai le courage d’écrire, de soumettre à la discussion la plus solennelle, et au jugement des hommes les mieux éclairés ce que je crois avoir remarqué de plus, en continuant de chercher de bonne foi, et sans d’autre passion que celle du bonheur commun, comment il s’est fait que, malgré toutes nos lumières et nos belles institutions, malgré nos immenses bibliothèques renfermant tant de plans et de systèmes, ou de bons livres destinés à nous améliorer, comme ceux qui paraissent encore tous les jours sous toutes les formes ; et malgré les exemples, les efforts successifs et continuels des orateurs les plus éloquents et les plus vertueux, et des sages les plus instruits, les plus persuasifs, secondés par les plus vigoureuses satires et censures ou critiques vivantes de nos personnes, de nos défauts et de nos vices, nous soyons toujours tombés en effet de plus en plus dans le relâchement, et soyons arrivés sitôt au degré de cette effrayante dissolution de mœurs dont un parti accuse aujourd’hui avec si peu de discernement ces moyens mêmes de réformation. […] C’est d’après ces documents certains, dont le principal est le fait incontestable que l’irréligion et l’immoralité ont commencé à croître et s’étendre plus sensiblement chez nous, comme chez les autres, à dater de l’époque des plus fortes des leçons satiriques données en leur faveur, sous la forme dramatique ; c’est d’après ces documents, dis-je, qui, abstraction faite de tout ce qui a été dit pour et contre sur cette question, m’ont mis à portée de comparer les temps, d’apprécier moi-même les causes qui ont agi sur les mœurs aux différentes époques, par le rapprochement des effets, que j’ose avancer et entreprendre de prouver à mon tour et à ma manière, sans prétendre le faire mieux que mes prédécesseurs, mais, pour appuyer leur jugement, que l’amalgame ou le concours irrégulier de la joyeuse et attirante instruction théâtrale avec le sérieux, l’austère et premier mode d’instruction et de réformation, a été funeste à celui-ci ; qu’il l’a d’abord fait négliger et ensuite étouffé ou paralysé presque entièrement en le suppléant fort mal, en le remplaçant comme un étourdi spirituel et malin remplacerait un patriarche grave et prudent. […] Je ne m’ingère pas de remettre en jugement cette production sous le rapport dramatique ou littéraire ; cette cause a été plaidée et bien jugée ; il y a long-temps que c’est une affaire finie ; d’ailleurs, il y a prescription à cet égard : il serait trop ridicule d’y revenir et de paraître vouloir, de concert avec des étrangers jaloux de la supériorité de nos compatriotes, détruire une réputation légitimée par une si antique possession ; il ne s’agit ici que d’erreurs, ou de démontrer, d’après l’expérience, qu’une composition dramatique, quelle que soit sa perfection, présente toujours des côtés très-défectueux ; que souvent la forme, par exemple, a des effets contraires qui nuisent au fond, et empêchent l’auteur d’arriver heureusement à son but.

18. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI.  » pp. 193-217

Les Payens ont donné des queues à plusieurs de leurs Divininités, aux Tritons, aux Syrenes, aux Faunes, aux Satires, aux Harpies, aux Centaures ; & Telliamed, dans son roman Jour 6, assure que non seulement quelques particuliers en ont par hasard, mais des nations entieres aux Moluques, en Affrique, en ont naturellement, comme les animaux, ce qui forme selon lui une espece particuliere. […] Le Lion se bat les flancs avec la sienne, pour exciter sa colere ; le Loup en pousse les brebis, & le Renard les poules, comme avec un fouet ; l’Ecureuil s’en forme une voile, qui l’aide avec le vent à traverser les rivieres ; le Bœuf & le Cheval chassent les insectes qui les incommodent ; elle dirige comme un gouvernail les oiseaux à voler, les poissons à nager. […] La queue voltige alors avec une grace toute celeste, ce sont des aîles qui l’aident à planer dans les airs, les zephirs se jouent, les amours se nichent dans ses plis ; c’est l’écharpe d’Iris, c’est un nuage doré, qui en recevant & refléchissant les rayons du soleil, forme pour le télescope de l’Observatoire des arc-en-ciels, des pathélies, des aurores boréales. […] Cependant cette même forme d’habit sert aux cérémonies les plus rejouissantes, comme aux plus tristes. […] Il a même été de mode d’attacher derriere la robe une queue réelle de Renard, de Mouton, d’Ecureuil, ensuite de Paon, de Coq, du moins de faire broder quelqu’une de ces queues sur cette piéce d’étoffe qui traîne, & forme la queue, ce que le petit Caudataire ne manquoit pas d’étaler.

19. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre V [IV]. De la Chaussure du Théâtre. » pp. 115-141

Malgré sa gravité, ce grand Magistrat regarde curieusement & admire la forme, les couleurs, la broderie de cette chaussure céleste. […] La chaussure & la forme de ce qu’elle couvre sont devenues comme la tête & la coiffure un objet très-important de la toilette. […] Si quelque défaut ou infirmité obligeoit de les couvrir tout-à-fait, la coquetterie n’y perdoit rien ; le bas & le chausson étoient de la couleur de chair, d’un tein de lys & de roses, & les bandelettes qui les tenoient en laissoient voir toute la forme, à quoi les Dames sont fort attentives. […] Aulugelle explique la forme de ces souliers Gaulois, fort semblables à ceux des femmes Françoises. […] La forme de leur chaussure a été différente selon les modes.

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