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61. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VI. Les obstacles qu’on peut rencontrer pour parvenir à la Réformation du Théâtre. » pp. 59-68

La passion pour le Théâtre va si loin en France, que les mères les plus austères, celles qui évitent avec le plus de soin le Théâtre public et qui par conséquent n’ont garde d’y laisser aller leurs filles, ces mêmes mères assistent, sans aucun scrupule, avec leurs filles aux représentations des Comédies de Molière, lorsqu’elles se font dans quelques maisons particulières et que les Acteurs sont ou des Bourgeois, ou des Seigneurs : Souvent même on les voit applaudir à des parades bien moins châtiées que les Comédies en forme ; marque évidente d’une inconséquence dans la conduite, qui n’est malheureusement que trop commune parmi des gens d’ailleurs très respectables.

62. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

On y voit un jeune homme, qui aïant rejetté tous ses cheveux derriere la tête prend une coëffure étrangere, dément ce qu’il est, & s’étudie à paroître une fille dans ses habits, dans son marcher, dans ses regards & dans sa parole. […] Ce qu’on appelle une école de divertissement, est un apprentissage d’impudicité : Les filles vont au bal & à la danse pour s’y faire connoître & estimer, à ce qu’elles croient ; mais c’est en effet pour y recevoir de l’infamie. […] A quoi bon tous ces fauts que les garçons font faire aux filles en les tenant par dessous les bras afin de les élever plus haut ? Les filles dansent toute une aprés-dinée & jusqu’à minuit sans se lasser, & elles ne pourroient aller autrement qu’à cheval ou en carosse dans une Eglise voisine. […] Les filles & les femmes prudes & graves font semblant de ne le pas sçavoir, elles refusent même de le faire lorsqu’on les en prie, & elles croïent que c’est leur faire injure que de les en prier.

63. (1671) De la connaissance des bons livres « DE LA COMEDIE  » pp. 232-248

On a allégué contre les Comédiens et les Comédiennes, qu’ils changeaient les habits de leur sexe, et que cela est défendu par les saintes Ecritures : Mais s’il faut représenter une Histoire où une fille prenne l’habit d’homme, comme de la Pucelle d’Orléans, comment feraient-ils pour s’en acquitter ? […] Il y a eu aussi des Comédies où étant besoin de représenter des filles habillées en hommes, ç’a été de jeunes garçons qui ont représenté ce Personnage ; En ce cas il n’y aurait donc eu que la qualité de fille qu’ils prenaient, qui nous eût offensé, et non pas l’habit.

64. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

Il y a deux prieres différentes, une pour les garçons, une pour les filles. […] La priere des filles est singuliere. […] Les parens ont aussi peu droit de se plaindre, si leur fille, qu’ils ont livrée pour actrice, vient à être séduite : c’est un risque attaché au métier, comme à la guerre d’être tué ou blessé, & plus encore. […] Ne sont-elles pas une occasion continuelle aux filles ou femmes du monde de répandre la corruption avec plus de facilité & d’impudence ? […] En revanche, ils peuvent avoir des maitresses : Zima s’en fait une ; c’est la fille de son instituteur, qui partage avec son pere le soin de son éducation, son pere l’y emploie.

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