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52. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

Combien cependant la danse de la fille d’Hérodias étoit-elle moins dangereuse que nos danses de théatre ! […] C’étoit une fille seule ; ici c’est une foule de danseurs & de danseuses, qui figurent ensemble, se mêlent & s’entrelassent. […] La sœur de Moyse, après le passage de la mer Rouge, dansa à la tête des femmes ; les femmes seules vinrent en dansant à la rencontre de David vainqueur de Goliath ; la fille de Jephté vient avec ses compagnes au-devant de son père ; les filles que les Benjamites enlèverent, comme les Romains enlèverent les Sabines pour les épouser, étoient seules ; les hommes auroient-ils souffert cet enlèvement sans résistance ? […] Le Roi de Sicione Clistene ayant mis sa fille au concours, & la promettant au plus digne, plusieurs partis se présentèrent pour la disputer. Tylandre, le plus apparent, ayant beaucoup dansé, le Roi lui dit : Vous dansez trop bien pour ma fille, votre danse a rompu votre mariage : De saltasti matrimonium.

53. (1646) Science du chrétien « Des comédies. » pp. 638-643

Oui mais, dira un petit garçon comme moi, ou une fille de maison, Mon père le veut, ma mère le commande, tous deux m’y mènent, il faut bien que je les suive. […] Si je n’obéis, je serai mal traité, si je ne veux suivre ma mère, dira la fille, je serai châtiée, elle ne me caressera plus.

54. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE II. Du Mariage. » pp. 30-54

Le principal Acteur représentoit un jeune éveillé qui dans deux ou trois heures débaucha trois femmes & autant de filles. […] L’École des Femmes est moins révoltante ; c’est là une fille libre, ici une femme mariée qui s’oublie jusqu’à recevoir des lettres de son amant & lui donner des rendez-vous. […] Pour un jeune homme qui prend le froc, il y en a mille qui prennent une maîtresse au spectacle ; pour une fille religieuse, le spectacle forme mille coquettes, & en les jetant dans l’incontinence, les dégoûte d’un établissement légitime, & leur en fait trouver les peines insupportables. […] Le fils & la fille se flattent mutuellement dans leurs amours, complottent contre leur père, & en parlent sans aucun respect, & entr’eux, & à lui-même, le bravent, & se moquent de lui. […] Il a tombé du ciel je ne sais quel homme venu de Naples, qui reconnoît je ne sais quelle fille perdue dans un naufrage, livrée au hasard à je ne sais qui, reconnue dans l’instant, sans autre perquisition, au moyen d’un rubis & d’un brasselet qu’elle porte : Deus in machina.

55. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

On rapporte l’exemple de la mère de sainte Macrine sœur de saint Grégoire de Nysse, qui avait un si grand soin de sa fille, qu’elle ne lui permettait pas de lire des Fables ni des Comédies, regardant comme une chose honteuse de gâter un esprit encore tendre, par toutes ces Histoires tragiques de femmes, dont les fables des Poètes sont remplies, ou par les idées mauvaises des Comédies. […] Apres cela on trouve encore des Mères qui y mènent leurs filles, et des Maris leurs Femmes, et qui osent se plaindre ensuite de leurs intrigues. […] On n’oublie pas de répondre à l’argument tiré des Tragédies des Collèges, par les règles de l’Université, qui défendent d’y rien représenter que d’édifiant, et d’en exclure les personnages et les habits de Femmes ; par les Statuts des Jésuites qui portent que les Comédies et les Tragédies seront Latines, qu’on n’en fera que très rarement, qu’on prendra toujours des sujets de piété, et qu’il n’y paraîtra point de personnages de femme, ni de fille ; enfin par la quatrième Assemblée générale de l’Oratoire, qui renouvelle le règlement contre les personnages de Femmes et de Filles sur le Théâtre de leurs Collèges. […] Dans le Cid on parle d’un parricide commis, en ces termes : « Enfin n’attendez pas de mon affection, Un lâche repentir d’une belle action, Je la ferais encore, si j’avais à la faire. » Et la Fille du Père assassiné, loue l’assassin, « Tu n’a fait le devoir que d’un homme de bien. » On y trouve des Leçons de vengeance d’un Père à son Fils : « Va contre un arrogant éprouver ton courage, Ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel outrage, Meurs, ou tue. » Dans Polyeucte cette Pièce prétendue sainte, on voit une Fille qui parle d’un Amant que ses parents ne voulaient pas qu’elle épousât : « Il possédait mon cœur, mes désirs, ma pensée, Je ne lui cachais point combien j’étais blessée, Nous soupirions ensemble et pleurions nos malheurs, Mais au lieu d’espérance il n’avait que des pleurs. » On dit qu’on a combattu le faux dévot dans le Tartuffe ; cependant après qu’on a détrompé Orgon, on le fait ainsi parler contre tous les gens de bien : « C’en est fait, je renonce à tous ces gens de bien, J’en aurai désormais un horreur effroyable, Et m’en vais devenir pour eux pire qu’un diable. » Dans le Festin de Pierre, on expose les maximes les plus impies ; et le tonnerre qui écrase l’Impie, fait moins d’impression sur les méchants qui assistent à cette malheureuse Représentation, que les maximes détestables qu’on lui entend débiter, n’en font sur leurs esprits.

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