/ 355
24. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

Augustin s’accuse dans ses confessions, d’en avoir été touché jusqu’aux larmes, seulement en le lisant, & senti le feu de l’impureté s’allumer dans son cœur ; & l’on voudra faire croire que le même événement joué cent fois sur tous les théatres, peint avec les mêmes couleurs, avec tous les vers de Virgile qu’on se fait honneur de traduire, embelli par la décoration, la danse, la musique, l’action, la parure, la modestie des Actrices, fait moins d’impression sur des spectateurs tous bien inférieurs en sévérité, & la plûpart plus corrompus dans leurs mœurs, que ne le fut jamais Augustin ! […] Cette idée pourroit bien faire entendre que l’ame n’est qu’une matiere déliée, une espèce de feu épuré, Mens ignea terrenæ fæcis exuta, comme disoit la these de l’Abbé Prades. […] Les hommes dont tous les sens sont frappés à la vûe des femmes (quelle image), courent brusquement à elles avec tout le feu des désirs (voilà l’Arétin). […] On y trouve le même systême, on n’y connoît que des esprits de feu qui animent des statues en secouant leur flambeau, pour leur donner une ame de feu, dans le goût aussi de l’Abbé Prades, mens ignea terrenæ fæcis exuta, la même pureté de mœurs : C’est à l’amour, c’est aux tendres désirs,   C’est aux graces, c’est aux plaisirs,   De vous donner un nouvel être :   Destinez-leur vos plus beaux jours : Vous en sentirez mieux de quel prix est la vie. […] De part & d’autre on s’efforce de la sentir pour la bien exprimer, de la bien exprimer pour l’inspirer ; tous deux bienfaits, tous deux parés, tous deux exercés, tous deux passionnés, peuvent-ils se regarder le plus tendrement, se dire les choses les plus galantes, sans allumer un feu criminel dans leur cœur ?

25. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

Le précipice est pour elle bien plus profond, car le feu des passions est plus vif, il n’y faut qu’une étincelle pour allumer l’incendie, le cœur plus facile à séduire ; elle a besoin de plus de précaution & de vigilance, & d’un frein plus sévère. […] Fuyez donc cette mer de malheurs, ce fleuve de feu, cet air empesté du théatre, qui allume le feu de l’enfer. […] On applaudit à des choses qui devroient faire jeter des pierres aux Acteurs, puisque par ces plaisirs criminels, ils allument le feu de l’enfer. […] comment éviterons-nous le feu de l’enfer, quand nous nous en faisons un art & une étude ?

26. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Une Actrice éteindroit tous les feux de Platon pour allumer les siens. […] Cet homme gagné va vous attaquer ; vous l’avez charmé par les yeux, il vous enchante par les oreilles ; vos indécences l’ont blessé, ses flatteries, ses poursuites, ses entreprises vous perdront ; vous l’avez exposé à vos traits, vous vous livrez aux siens ; il allume dans votre cœur le feu dont vous le consumez ; refuserez-vous de sa main un poison que vous lui avez servi ? […] Le premier péché est celui du scandale : toutes les loix condamnent à payer le dommage l’imprudent qui par hasard auroit mis le feu à la maison de son voisin. […] Quel compte à rendre à Dieu, d’allumer tant de feux, non par hasard, mais de dessein prémédité ! […] Mais on laisse la liberté de montrer le visage ; les objets qu’on veut faire cacher ne sont pas moins attrayans que le feu des yeux & les traits délicats d’une belle physionomie.

27. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IX. Sentiments de Tertullien. » pp. 180-200

 » Vous avez même par un excès de luxe couvert tout le terrain du théâtre, et introduit l'usage de certains manteaux qui mettent à couvert de la pluie, de peur que le froid de l'hiver ne diminuât le feu de la volupté : « Ne hieme voluptas impudica frigeret. […]  » Il est inutile d'aller chercher des autorités dans les ouvrages de Tertullien sur le luxe et la parure des femmes,  de habitu muliebri, de cultu fœminarum, de velandis virginibus, il faudrait transcrire ces traités en entier ; ils ne sont faits que pour montrer le danger infini pour les mœurs, qu'entraînent l'affectation des habits, l'indécence des parures, la mollesse des démarches, le feu des regards, la douceur de la voix, la liberté des discours, les flatteries, les caresses, etc. […] « 30.° Quel plus beau spectacle que l'avènement du Seigneur triomphant, la joie des Anges, la résurrection des Saints, le règne des Justes, la nouvelle Jérusalem, ce dernier et perpétuel jour du jugement, si peu attendu, si méprisé, lorsque ce monde si ancien et tant de fois renouvelé sera consumé par le feu ! […] Les Acteurs tragiques pousseront alors des cris plus perçants que sur le théâtre, les Comédiens seront comme dissous par la force du feu plus que par la dissolution de leurs mœurs et de leurs gestes. Ce Cocher sera tout embrasé dans une roue de feu, les Athlètes seront lancés dans les brasiers.

/ 355