Hors d’état de rendre raison d’aucune des choses qui sont dans son tableau, il nous abuse doublement par ses imitations, soit en nous offrant une apparence vague & trompeuse, dont ni lui ni nous ne sçaurions distinguer l’erreur ; soit en employant des mesures fausses pour produire cette apparence, c’est-à-dire, en altérant toutes les véritables dimensions selon les loix de la perspective : de sorte que, si le sens du spectateur ne prend pas le change & se borne à voir le tableau tel qu’il est, il se trompera sur tous les rapports des choses qu’on lui présente, ou les trouvera tous faux. […] Mais de peur de nous abuser par de fausses analogies, tâchons de voir plus distinctement à quelle partie, à quelle faculté de notre ame se rapportent les imitations du Poëte, & considérons d’abord d’où vient l’illusion de celles du Peintre. […] Nous concluons, sur la seule apparence, de ce que nous connoissons à ce que nous ne connoissons pas, & nos inductions fausses sont la source de mille illusions.
De ces deux faux caractères, il résulte deux fautes considérables. […] AGRIPPA, ou le faux Tibérinus. La Pièce d’Agrippa ou du faux Tiberinus, que M. […] La Tragicomédie d’Agrippa ou du faux Tibérinus, mise en cet état, me paraîtrait très convenable pour le nouveau Théâtre.
L’Auteur de la Dissertation prétend tout le contraire : et toutes ses preuves ne sont fondées que sur des suppositions visiblement fausses. […] C’est de là que les opinions fausses, que les erreurs fanatiques, et les superstitions ridicules se sont introduites dans le monde. […] Mais la Comédie en elle-même n’est-elle pas un reste de l’Idolâtrie, ayant été inventée par les démons, et consacrée à de fausses divinités ? […] Et néanmoins l’Auteur de la Dissertation dit en l’air, que c’est tirer de fausses conséquences. […] La conséquence qu’il tire de ce principe est encore visiblement fausse.
Le faux Politique n’y voit qu’un or dont il prétend que l’Etat s’enrichit ; mais les vices que cet étranger rapporte dans sa patrie, croyez-vous qu’ils ne reflueront pas un jour sur vous, sur votre commerce, sur vos alliances, sur vos guerres ? […] Il ne seroit point applaudi, mais il saisiroit ; il feroit répandre des larmes ; il ne laisseroit pas respirer ; il inspireroit l’amour des vertus & l’horreur des crimes ; (remarquez ce qui suit) il entreroit fort dans le dessein des meilleures loix ; la Religion même la plus pure n’en seroit point alarmée ; on n’en retrancheroit que de faux ornements qui blessent les regles du goût.