/ 288
264. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

Son style aisé, naïf, mais noble & poli anonce un homme de condition, & fait gemir de ses égarements ; il a fait bien de voyages, il a trouvé la nation des comédiens répandue par toute la terre, par-tout semblable à elle-même, par-tout des acteurs débauchés, & des actrices comodes, agacentes, séduisantes, corrompues, qui l’ont enfin ruiné, brouillé avec sa famille, fait battre avec ses amis, l’ont abandonné pour d’autres amans, comme elles en avoient abandonné d’autres pour lui : par-tout, elles l’ont débarrassé de sa bourse, ont dérangé ses affaires, empêché sa fortune, troublé son répos, altéré sa santé, detourné de ses devoirs, perdu son ame ; il se montre cent fois au désespoir de ses désordres, changeant de conduite, voulant se convertir, embrassant un état, résolu d’en remplir les devoirs ; mais bien-tôt rentrainé, plongé plus que jamais dans l’abîme du libertinage, par les a traits & les artifices, ou plutôt par les fourberies, les piéges, l’hipocrisie de ces malheureuses, trop commun instrument de la perte de la jeunesse, & même de tous les âges ; car il a trouvé cent fois en son chemin, des gens d’un âge avancé, enfants de cent ants, d’une conduite insensée, dont le théatre causoit le délire ; il en a trouvé de tous les états, des Magistrats qui alloient y oublier le peu qu’ils savoient dé jurisprudence, & le peu qu’ils avoient d’intégrité ; des étudians qu’il empêche de rien apprendre ; des militaires dont il amortit le courage, énerve les forces ; blesse le corps des ecclésiastiques qui y prophanent la sainteté de leur état, tantôt osant passer du théatre à l’autel, tantôt quittant l’autel pour le théatre, oubliant le breviaire aux pieds d’une actrice.

265. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Du Fard. » pp. 143-168

On ne cherche tant d’inspirer l’amour, que pour satisfaire sa propre passion ; pour entretenir la blancheur, la fraîcheur, l’éclat de son teint ; cette Princesse voluptueuse se baignoit tous les jours dans du lait d’ânesse, & pour n’en point manquer, elle nourrissoit cinquante ânesses, qui la suivoient dans tout ses voyages ; elle les mena dans son exil, c’étoit la partie la plus chere de sa famille ; elle ne paroissoit que rarement en public, & toujours à demi voilée, ne laissant voir que le bas de son visage, & avec un voile fort transparent, afin de ne pas diminuer la réputation de sa beauté, en la prodiguant, mais plutôt l’augmenter, en donnant carriere à l’imagination, en faisant juger par ce qu’on voyoit à travers la gaze, que ce qu’on ne voyoit pas étoit encore plus admirable : Ne satiares aspectum , dit Tacite, ne soyons point dupes des apparences, dans cet art recherché, de se cacher ou de se découvrir à propos ; dans ce choix réfléchi de linge & d’étoffe transparante, dont le théatre donne tant de leçons ; il y a plus d’artifice que de modestie, on cherche plus à irriter la passion, par ces demi-confidences, qu’à lui en soustraire l’objet par une véritable pudeur.

266. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

mais la fortune dérangée par tant de dépenses, la santé altérée par tant de molesse, la famille corrompue par de si mauvais exemples, la conscience blessée par tant de péchés que l’on commet, tant de péchés que l’on fait commettre, tant de passions qu’on allume, tant de dépravation qu’on occasionne !

267. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

c’est là, vous le savez, qu’ont commencé tant de divorces qui mettent une misérable Actrice à la place d’une légitime Epouse, qui ruinent des familles entières, et qui sont des objets continuels de gémissements ; c’est là que des regards lascifs entraînent le cœur, et que l’âme devient coupable d’adultère.

/ 288