Cette vision est aujourd’hui regardée comme une fable ; du moins est-il certain qu’il ne se convertit pas.
Les hommes mêmes les moins éclairés, ceux qui ne lisent jamais, y prennent quelque teinture de la fable et de l’histoire, y puisent quelques préceptes de morale, et le philosophe y admire le développement et la peinture fidele de toutes les passions.
une histoire, disons mieux, une fable proposée sous la forme d’histoire, où l’amour est traité par art et par regles ; où la passion dominante et le ressort de toutes les autres passions, c’est l’amour ; où l’on affecte d’exprimer toutes les foiblesses, tous les transports, toutes les extravagances de l’amour ; où l’on ne voit que maximes d’amour, que protestations d’amour, qu’artifices et ruses d’amour ; où il n’y a point d’intérêt qui ne soit immolé à l’amour, fût-ce l’intérêt le plus cher selon les vues humaines, qui est celui de la gloire ; où la gloire même, la belle gloire, est de sacrifier tout à l’amour ; où un homme infatué ne se gouverne plus que par l’amour, tellement que l’amour est toute son occupation, toute sa vie, tout son objet, sa fin, sa béatitude, son Dieu.
Une fable fameuse du Paganisme nous présente un homme follement amoureux d’une statue qu’il avoit faite, qu’il fardoit & paroit comme un enfant habille sa poupée, qu’il caressoit, en prenant sur elle les plus infames libertés.