De même la naissance n’est que le moment de l’arrivée au jour, la suite des douleurs, le progrez de la vie, qui sont des actions fuyantes, qui ne s’attrapent que par l’idée, & qui passent trop vîte pour en laisser de sensibles expressions, telles que le Balet les desire. […] Ainsi il faut bien exactement observer cette convenance dans toutes sortes d’airs ; n’en point souffrir qui n’ayent du raport avec la maistresse idée ; qui n’aide à faire concevoir ces muettes expressions des habiles Danceurs, qui ne concourent avec les gestes à faire déchiffrer le sens envelopé sous ces deguisements, & qui enfin, pour ainsi dire, ne leve le masque, & ne face comprendre, & le sujet & l’entrée. […] Par-là, il est aisé de voir que le Recit n’est qu’un supplément des expressions tronquées, imparfaites, ou ambiguës de la Dance & des pas. que sa fonction est de reciter ce qui se doit passer dans l’action, s’il est fait en guise de Prologue, ou ce qui s’y passe actuellement, ou les consequences qui peuvent naistre s’il est employé dans le milieu ou sur la fin du Balet.
Cet Ecrivain fécond faisoit chaque année deux drames, malgré ses immenses occupations, comme Andre Tiraqueau faisoit chaque année un livre ; il brille ; sur-tout par la force, & le naturel, par les expressions les sentimens & les images, par l’invention des desseins, des caractères, & des situations théatrales ; supérieur en ce point à son Disciple Metastasio. […] La poësie de Metastasio est comme celle de Quinault, si coulante & si harmonieuse qu’elle chantoit, pour ainsi dire, toute seule ; les musiciens qui ont une peine infinie de trouver de sons mélodieux pour les termes durs & dissonants ; ont si peu peine à chanter Metastasio, qu’ils se laissent aller à l’unisson des expressions de Metastasio.
Ce n’est pas le ton de la politesse ; mais la plus séduisante, par les sentimens, les expressions, les situations. […] Du reste, cette farce est très-lubrique, très-licentieuse dans les pensées, les songes, les expressions, les lazzis du maître & des domestiques : cette espece de décoration est sans doute en raison de la vertu de l’auteur & des acteurs.
Les Comédies-Farces sont reléguées dans la onzième Classe, ainsi que les Pièces de simple amusement, & généralement presque toutes celles des Auteurs-Comédiens, dont l’inutilité morale ferait toute seule un assez grand défaut, quand le trop libre de l’Actricisme & de l’expression, ne les rendrais pas repréhensibles. […] Dans ce malheur inattendu, l’homme faible & timide, voit le bras d’un Dieu irrité : il reste d’abord muet d’étonnement & de crainte ; mais bientôt il fait chanter des sons lugubres ; il retrace aux yeux du Dieu qu’il implore les maux qu’il vient d’éprouver, & croit l’attendrir par les expressions touchantes qu’animent sa Poésie & sa Musique : ses enfans l’imitent, & célèbrent leurs pertes en pleurant ; leurs cœurs se fondent, ils poussent de longs gémissemens, qui, s’ils ne touchent pas la Divinité, attendrissent au moins les cœurs des hommes, & forcent une dangereuse mélancolie à s’exhaler au dehors. […] Ainsi les sujets d’imitation ayant considérablement augmenté dans le nouveau culte, les Enfans prennent toujours les plus frappans : ils les secularisent, si l’on peut se servir de cette expression. […] Qu’on se représente pour un moment, le Spectacle ainsi monté, que l’Affiche nous annonce un Auteur célèbre, qui doit faire le premier personnage de son Drame ; nous y courons : quelle force, quelle énergie, quelle expression il saura donner à tout ce qu’il dira ! […] Dryden dit que Chaucer enrichit de même la Langue Anglaise de plusieurs expressions du Provençal, qui, de toutes les Langues était la plus rafinée.