Le temps qui suit immédiatement après le repas, n’est pas si propre aux affaires, et aux occupations plus sérieuses et importantes : c’est pourquoi, d’ordinaire, on prend alors quelque divertissement en Jeux, conversation, ou autres semblables récréations ; et parfois on en fait le même en certains jours de la semaine : d’autres passent plus avant, prenant en certains temps de l’année, quelque nombre de jours pour se divertir, et égayer un peu leurs esprits et leurs corps, après les travaux et emplois sérieux et pénibles : je veux ici instruire l’âme Chrétienne, à se recréer, et à se divertir, et à faire tellement cette action, que par icelle, non seulement elle ne se fourvoie pas du chemin de l’Eternité bien heureuse, mais plutôt qu’elle s’y avance et mérite un Paradis.
On distribuera de l’argent aux pauvres, & des billets pour venir danser ; à envisager avec les yeux de la réligion, ce mêlange de piété & de théatre, de cérémonies du Baptême & d’un bal paré ; des aumônes aux pauvres, & d’un bal masqué, on ne sait que penser de l’esprit du siécle ; les cérémonies du Baptême font un contraste singulier, on y fait un renouvellemtn solemnel au démon, à la chair, au monde & à ses pompes, & pour le célébrer òn étale ses pompes, on s’y livre ; on y invite, on s’en fait un devoir. […] L’Esprit d’Henri IV, qui paroit depuis peu, ainsi que tant d’autres livres qui ont un pareil titre, & tous les Ana, Peroniana, Scaligeriana n’est qu’un recueil des bons mots attribués à ce Prince, objet de l’amour des Français par la honté de son cœur & les charmes de la familiarité naïve & ingénieuse de sa conversation. […] Henri IV qui avoit l’esprit vif, & plein de feu, a disans doute mille choses agréables, des bons mots de railleries fines, de saillies de gascon ; mais tout ce qu’il a dit n’est pas également bon. […] Ces lettres, ni pour l’esprit, ni pour les sentimens, ni pour le style, n’ont rien que de très-commun, & ne sont pas toujours décentes ; elles ne servent qu’à montrer les foiblesses de ce Prince, & à élever un nuage qu’on auroit pu lui épargner, supposé même qu’elles soient vraies, ce qui est fort douteux ; car on aime à justifier les passions par des grands noms. […] Emilie de Breteuil, Marquise du Chatelet avoir de l’esprit, de la lecture, des graces, de la voix, de la fortune, du talent pour le théatre ; elle étoit de la cour de Madame la Duchesse du Maine, à Seaux ; très-bonne actrice, & y jouoit fort bien, & chantoit sur les théatres de société, à Seaux où il y avoit de beaux esprits, & quelques sçavans, comme Malesieux, &c.
Cette excursion ne sera pas hors-d’œuvre, le théatre y revient souvent, elle achevera de caractériser son esprit, & la licence sur la religion, & les mœurs des Auteurs & amateurs du théatre. […] Aujourd’hui leurs Dames sont des filles entretenues ; tant l’esprit philosophique a bien opéré. […] C’étoit le meilleur cœur, l’ame la plus noble, la plus généreuse, beaucoup d’esprit & de beauté, &c. […] On auroit peine à comprendre son déchaînement contre le mariage, si on ne savoir que c’est là l’esprit & le style du théatre. […] Y a-t-il de l’esprit à imaginer de pareilles absurdités ?
Si, mal informé de nos sentimens, vous nous avez fait tort dans l’esprit d’un public souvent mal instruit ; tâchez, je vous en conjure, de le réparer en nous rendant plus de justice. Les Protestans sont déjà trop injustement noircis dans l’esprit d’un peuple ignorant : Que deviendroient-ils, si les hommes de génie & les philosophes se joignoient à l’Apologiste de la S.