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88. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. L’Arétin, le Tasse, l’Arioste. » pp. 38-79

Il servit & déchira tout à tour Charles V & François I, rivaux de gloire & concurrens à l’Empire, & ennemis déclarés : adulateur pour & contre, au prorata des pensions qu’il en recevoit. […] Ses ennemis, qui étoient en grand nombre, firent frapper une médaille bien différente. […] On fait sa cour à un protecteur, on satyrise ses ennemis, on loue sa maîtresse, on exhale sa passion. […] Ce qui ne fit que prêter des armes à son ennemi, par l’aveu de son malheur & de son crime. […] Après sa mort civile, ses amis ou plutôt ses vrais ennemis, plus hardis que lui, n’ont plus gardé de mesure.

89. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

C’est-à-dire qu’il faut aussitôt prendre un contre-poison pour faire mourir un ennemi, que volontairement nous avons fait entrer dans notre corps. […] il ne voulut point quitter que la Danse ne fût achevée, que s’il se fût trouvé surpris de vin, et qu’il n’eût pu aller à la rencontre de son ennemi. […] S’il est ennemi des bonnes mœurs, que n’en fait-on justice ? […] que les vindicatifs y ont trouvé lieu de se défaire de leurs ennemis ? […] Peut-on appeler recréation, où on quitte les livrées de Dieu pour prendre celles de son ennemi ?

90. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 7-8

Augustin, et par conséquent plus voisins des apôtres, et ils jugeaient ces divertissements si contraires au christianisme, qu’ils ont fait des livres entiers (Tertul. de Spectaculis, cap. 27.) pour les réprouver et condamner ; et pour montrer qu’ils ne parlaient pas seulement contre les spectacles des païens, où se commettaient des homicides et des impudicités publiques, Tertullien apporte l’objection que vous avez coutume de faire : On n’y fait point de mal, on n’y dit rien qui ne soit honnête, et il répond : Celui qui veut empoisonner son ennemi, ne détrempe pas le poison dans du fiel ou dans du vin d’absinthe, mais dans un bouillon bien assaisonné ou dans du vin délicieux.

91. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

Jurieu cependant est un ennemi déclaré du théatre, il dit l. 2, c. 3 : une personne qui revient du bal ou de la comédie est très-mal disposé à la dévotion ; on a beau dire qu’on a rendu le théatre chaste, qu’on n’y entend plus que des leçons de vertu, que les passions n’y paroissent animées que pour la défense de l’honneur, qu’on n’y produit que des sentimens de générosité ; pour moi je dis que les vertus du théatre sont des crimes selon l’esprit de l’Évangile, & que si on y entendoit quelque chose de bon, il est gâté par l’impureté des lèvres & des imaginations à travers lesquelles il passe. […] Du reste ce bel esprit n’est pas suspect, homme du monde, livré à la galanterie, dont ses livres sont pleins, amateur du théatre, Auteur, neveu admirateur de Corneille, il n’étoit ni scrupuleux ni ennemi du théatre. […] Godeau, Évêque de Vence fut un Prélat habile, distingué par des vertus, des talens, & grand nombre d’ouvrages en prose & en vers, qui quoique médiocres, lui firent une réputation, parce qu’ils n’y avoit guère rien de meilleur de son temps, mais très-louables parce qu’ils font remplis de piété : mérite rare de nos jours ou plutôt vrai démérite ; il n’est pas surprenant que cet Écrivain condamne le théatre, la piété fut toujours son ennemie, comme le théatre fut toujours ennemi de la piété.

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