Elle parut sur le perron avec la Duchesse de Bouillon , dit le Cardinal de Retz, spectateur, & si grand acteur lui-même ; ces deux femmes plus belles en ce qu’elles paroissoient négligées, quoiqu’elles ne le fussent pas, tenoient chacune entre leurs bras un de leurs enfans beaux comme leurs meres, la Greve étoit pleine de monde jusques dessus les toîts, les hommes jettoient des cris de joie, les femmes pleuroient de tendresse. […] Elle perdit M. de Turenne, presque toute sa famille, son mari, ses enfans, sa belle-fille, ses freres, sa belle-sœur qu’elle aimoit tendrement, ses neveux, ses nieces, & soutint tout avec le plus grand courage. […] Il faut sans doute donner du pain aux bâtards ; mais cette élévation, cette fortune qui les met presque de pair avec les enfans légitimes, tout cela est-il bien dans l’ordre de la décence & des bonnes mœurs ?
Au lieu d’engager vos enfants à fréquenter le spectacle, employez tout ce que vous avez d’autorité pour les en détourner ; ayez soin qu’ils conservent la pureté de la foi et des mœurs, et le Seigneur vous bénira dans vos enfans. […] Ces principes de corruption reçoivent une nouvelle force des spectacles publics, où les pères et les mères ont l’imprudence de conduire leurs enfans de l’un et de l’autre sexe.
Ils se disent enfans de cette sainte famille, ils n’en sont que les enfans illégitimes qu’elle n’avoue pas, & qui ne méritent que ses larmes, Toute sorte d’odeurs, eaux, pommades, poudre, essences, pâtes y sont proscrites, jusqu’à la poudre des cheveux ; on n’y souffre pas même l’usage du tabac, ni en poudre ni en fumée.
Se reconnoîtroient-ils dans leurs images & dans leurs enfans ? […] Mais devineroit-on qu’on y reçoive des femmes, que les femmes y interrogent les enfans, & leur fassent des argumens ; que de temps en temps les violons & les flûtes interrompent l’Exercice, & jouent un intermedes & qu’à la fin on y chante des airs d’opéra, on y exécute les plus belles danses, que le président homme grave & en dignité, y applaudisse, & fasse tenir le bal en sa présence.