Au défaut de la nature il semble que l’Art nous tend les bras ; & de-là ne sort-il pas en faveur du Théâtre si non des motifs pressans d’établissement dans tous les endroits où il n’y en a pas, du moins un principe de considération puissante dans ceux où il y en a ? […] Quand il avance de même que ces amusemens conviennent aux mœurs républicaines ; je ne sçais pas par quel endroit ; à moins qu’il n’imagine que les Estaminès, les Cotteries soient le caractére distinctif, & l’expression naturelle de cette belle égalité qui constitue l’esprit républicain. […] L’amusement est pur, parce qu’il est sans étude ; il est vrai, parce qu’il a un ton piquant de variété : il est touchant enfin, parce qu’il nous prend par un endroit sensible, la partie du goût.
Mais, encore une fois, l’Abbé d’Aubignac se trompe dans l’endroit de son Livre que je viens de rapporter ; il faut absolument le penser, le dire & le faire croire.
Bayle, cet écrivain si fameux par les indécences & les impiétés répandues dans ses ouvrages, & si cher aux libertins par ces endroits, Bayle lui-même se moque de ceux qui disent fort sérieusement que Moliere a plus corrigé de défauts à la cour, lui seul, que tous les Prédicateurs ensemble ; & il assure qu’il ne croit nullement que la comédie soit propre à corriger les crimes & les vices de la galanterie criminelle, de l’envie, de la fourberie, de l’avarice, de la vanité, de la vengeance, de l’ambition, &c.
Entre une infinité d’exemples qu’on en peut donner ; vous souvenez-vous d’un endroit des Satires d’HoraceSat. 5 [Horace, satire 5].