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2. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « APOSTILLE » pp. 33-57

Je ne sais pas, Monsieur, si je m’en tiendrai là, et si, après avoir mis la main à la plume, je pourrai m’empêcher de combattre quelques endroits dont je crois ne vous pas avoir assez parlé dans ma lettre. Vous prendrez, si vous voulez, ceci pour une seconde ou pour une continuation de la première, cela m’embarrasse peu et ne m’empêche point de poursuivre. […] Mais qui considérera bien tout ce que dit à Don Juan cette amante délaissée, ne pourra s’empêcher de louer Molière. […] Ils grossissent hardiment les choses qui sont de peu de conséquence et forgent des monstres afin de faire peur et d’empêcher que l’on entreprenne de les combattre. […] Ils ont fait, enfin, tout ce que des gens comme eux ont de coutume, et se sont servis de la véritable dévotion pour empêcher de jouer la fausse.

3. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — TROISIEME PARTIE. Des obstacles qui s’opposent parmi nous à la perfection de la Comédie. » pp. 57-75

La vanité l’empêche de voir que les objets de la nature étant finis, nos pensées le sont aussi, & que ce que nous pensons sur un objet, a pu l’être de même par des milliers d’hommes : cette obstination des Auteurs à ne vouloir marcher sur les traces de personne, produit un très-grand mal, en ce qu’elle empêche que les sujets ne soient traités sous toutes les faces possibles. […] En fin je trouve un quatrieme & dernier obstacle qui s’oppose parmi nous à la perfection de la Comédie ; c’est le défaut de liberté qui l’empêche d’exposer sur la scène les vices des grands & des gens en place, & qui la restreint à n’être utile qu’à la multitude. Le but du Gouvernement en imposant silence à la Comédie sur certains états, est sans doute d’empêcher les peuples de sortir du respect & de la soumission qu’ils doivent à ceux qui gerent les affaires publiques.

4. (1675) Traité de la comédie « VI.  » pp. 280-282

Ce qui rend le danger de la Comédie plus grand est qu'elle éloigne tous les remèdes qui peuvent empêcher la mauvaise impression qu'elle fait. […] Si donc les personnes qui vivent dans la retraite et dans l'éloignement du monde, ne laissent pas de trouver de grandes difficultés dans la vie chrétienne au fond même des Monastères ; s'ils reçoivent des atteintes du commerce du monde, lors même que c'est la charité et la nécessité qui les y engagent, et qu'ils se tiennent sur leurs gardes autant qu'ils peuvent pour y résister : quelles peuvent être les plaies et les chutes de ceux qui, menant une vie toute sensuelle, s'exposent à des tentations auxquelles les plus forts ne pourraient s'empêcher de succomber ?

5. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [K] » pp. 421-424

L’usage des masques empêchait qu’on ne vît souvent un Acteur déja flétri par l’âge, jouer le personage d’un Jeune-homme amoureux & aimé. […] Or le rouge qui est à la mode, depuis cinquante ans, & que les hommes même mettent avant que de monter sur le Théâtre1, nous empêche d’appercevoir les changemens de couleur, qui dans la nature font une si grande impression : mais le masque des anciens Comédiens cachait encore l’altération des traits, que le rouge nous laisse voir2. Il est donc certain que les Anciens auraient fait quitter la masque à tous leurs Comédiens, sans une raison bien forte qui les en empêchait : c’est que leurs Théâtres étant très-vastes & sans voûtes ni couverture solide, les Comédiens tiraient un grand service du masque, qui (outre les usages qu’on a vus) était encore fait de manière à servir de porte-voix, & leur donnait moyen de se faire entendre de tous les Spectateurs, quand d’un autre côté ce masque leur fesait perdre peu de chose.

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