Mais enfin, il me semble que j’entend quelqu’un qui me dit, que toutes ces raisons ne le regardent point, qu’il se connoît assez pour ne point apprehender les mauvaises impressions que cela peut faire, qu’il luy reste encore assez de tems aprés avoir vaqué à ses devoirs & à ses affaires, pour le donner à quelque divertissement, & qu’il n’est pas d’un rang si distingué, que son exemple puisse authoriser les desordres que les autres y peuvent commettre ; & pourquoy donc, dira-t-il, m’interdire un divertissement que nous ne voyons pas défendu par les Lois ni divines, ni humaines ?
Sans doute, comme en ont ceux qui vont de la Messe à la comédie, de l’Office divin à l’opéra, qui d’une main donnent à l’offrande, de l’autre à l’actrice, d’un côté sont Marguillers, Confreres, Pénitens blancs ou noirs, & de l’autre actionnaires du spectacle.
Les effets du sacrifice de Magdelaine sont tous divins, Dieu lui pardonne ses péchés, loue sa charité, elle devient un modèle de toutes les vertus ; Dieu se servit du crime d’Holopherne pour le perdre, & de la beauté de Judith pour l’aveugler ; mais le péché d’Holopherne n’est pas douteux, & malgré son courage & sa victoire qui sont dignes d’éloges, les moyens dont elle se servit sont-ils bien légitimes ?
Un usage toléré borne mal à propos ces loix au temps du service divin ; on ferme les yeux sur ce qui se passe après les offices, comme si toute la journée n’étoit pas consacrée à Dieu, & destinée à de bonnes œuvres ; comme si les préparatifs n’emportoient pas le temps du service, & n’empêchoient pas même d’y aller.